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experts, d’une matrone et d’une sorte de médecin ad hoc, lesquels font subir aux jeunes fiancés une visite mutuelle ; quand les futurs se sont ainsi vus face à face, et sans voile, et qu’ils ont déclaré se trouver satisfaits l’un de l’autre, on les marie. Si, par la suite, il y a incompatibilité d’humeur, le divorce est permis par consentement mutuel. Toutes les religions sont tolérées en Utopie. »

Telles sont les principales idées de ce livre, si goûté à l’époque où il parut, si oublié maintenant. On voit que notre siècle a lu, sans le savoir, bien des contrefaçons de l’Utopie. Les doctrines de Saint-Simon et de Fourrier sont dans l’Utopie ; les attaques contre le droit de propriété sont dans l’Utopie ; la défense de la classe la plus nombreuse et la plus pauvre est dans l’Utopie ; l’Utopie, c’est la phalange de Charles Fourrier, c’est la communauté de biens de Saint-Simon.

On doit à Mme la princesse de Craon une histoire intéressante de Thomas Morus. Voy. Craon.

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MULLER (J. Gottwerth), romancier allemand.


FRÉDÉRIC BRACK, ou l’Élève des Bohémiens, traduit par Mlle Dudrezène, 6 vol. in-12, 1822. — Ravi dans son enfance à sa famille, par des Bohémiens qui cherchent en vain à lui inculquer leurs principes pervers, Frédéric Brack parvient enfin à s’échapper de leurs mains. Il est accueilli par le pasteur d’une petite ville, par le bon M. Lewentz, qui se plaît à former son esprit et son cœur, mais dont la femme cache une âme corrompue ; Frédéric a de la peine à se soustraire aux avances de cette nouvelle Putiphar, qui parvient à faire chasser l’orphelin comme voleur ; il trouve un nouveau protecteur dans le médecin Steinbeck, qui lui apprend les secrets de son art, et lui laisse en mourant une somme considérable. Après diverses aventures, Frédéric acquiert de la fortune et une réputation méritée ; il épouse une jeune fille sans biens, née de parents honnêtes, et croit avoir trouvé le modèle des femmes ; la sienne possède tous les vices ; il s’en sépare, perd sa fortune, et se trouve réduit à un état voisin de la misère. Reconnu enfin par ses parents, qui sont riches et puissants, au moment de jouir du bonheur, il descend au tombeau. — Ce roman est bien écrit et fort attachant.

L’AUTOCRATE DE VILLAGE, ou l’Art de devenir ministre ; chronique de la Poméranie suédoise, traduit par Mlle Dudrezène,