Page:Revue des Romans (1839).djvu/533

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vie à Saint-Clair et fait perdre à Olivia sa réputation. — Ce roman est hérissé de citations et rempli de longs passages de poëtes anglais, français et italiens. Olivia et Saint-Clair ont sans doute beaucoup d’esprit, mais ils ont encore plus de mémoire ; jamais ils ne manquent de s’interrompre au milieu de la conversation la plus tendre ou de la situation la plus intéressante, pour réciter de longs morceaux de vers ou de prose.

LA NOVICE DE SAINT-DOMINIQUE, traduit par Mlle  la vicomtesse de Ruolz, 4 vol. in-12, 1816 (publié sous le nom de miss Owenson). — Ce roman est le début dans la carrière littéraire de miss Owenson, qui n’avait alors que seize ans. En le lisant, on est étonné de l’indépendance de l’esprit de l’auteur, de la variété de ses connaissances, de la multitude des aperçus, tantôt délicats et spirituels, tantôt énergiques et profonds sur la société, sur les arts, sur le cœur humain et sur les passions. Comme composition, c’est le moins bon de tous les ouvrages du même auteur, mais c’est sans contredit le plus étonnant par ce qu’on y trouve d’intéressant, d’énergique, de noble et d’élevé. Le premier volume s’ouvre par une peinture dramatique de caractères, ou plaisants, ou ridicules, et pleins d’un touchant intérêt. Imogène, l’héroïne, réunit à une beauté enchanteresse les qualités les plus brillantes de l’esprit et de l’imagination. Déposée dès son enfance à la porte d’un couvent, en Champagne, elle doit prendre le voile dans ce monastère. Elle avait seize ans, et avait déjà commencé son noviciat, lorsqu’elle quitta le couvent pour aller aider dans ses travaux littéraires la comtesse de Montmorel, retirée dans un vieux château où régnait la plus sombre mélancolie. Un soir, l’hospitalité fut accordée dans le manoir à un jeune et beau ménestrel, qui fut admis en présence de la comtesse, mais qui ne fut occupé que de la grâce et de la touchante beauté d’Imogène. Le ménestrel obtint la permission de passer quelques jours au château, et ce peu de temps suffit pour décider du sort de la novice de Saint-Dominique et du beau Provençal, pour faire naître en eux une de ces passions irrésistibles. La timidité des aveux de la novice, le charme de ses réticences, ce tendre aveu d’un jeune cœur éveillé à mille sensations nouvelles, tout cela est peint avec une grâce de détails peu communs. C’était dans une belle soirée d’été, sous les ormeaux gothiques du château de Montmorel, qu’Imogène reçut les serments du ménestrel, et sans doute elle allait lui avouer qu’elle partageait ses sentiments, lorsque le troubadour, surpris par la comtesse, est arrêté et conduit dans une tour obscure, d’où il ne tarde pas à s’échapper. Imogène, menacée d’être renvoyée dans son couvent, pour lequel elle n’éprouve plus de vocation, s’enfuit du château. On aime à la suivre dans les tra-