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vérité triomphe, et Ida refuse la main que lui offre lord B***, pour couronner l’amour d’Osmyn.

GLORVINA, ou la jeune Irlandaise, traduit par Dubuc, 4 vol. in-12, 1813 (publié sous le nom de miss Owenson). — Née en Irlande, et blessée de l’injustice dont son pays est victime depuis si longtemps, c’est dans l’âge où la plupart des femmes n’ont encore réfléchi à rien, que miss Owenson prit la plume pour relever aux yeux de l’Angleterre la gloire méconnue du peuple irlandais. Elle s’attache à prouver que ce peuple voit remonter ses annales à la plus haute antiquité, qu’il a produit une foule de héros, que son amour pour les lettres et la musique l’a distingué dans tous les temps, et que le cruel asservissement sous lequel il gémit n’a pu encore détruire les nobles traits de son caractère primitif. — Horatio, fils de lord M…, d’un esprit romanesque, et jusque-là d’une vie plus que dissipée, se trouve enfermé pour dettes à la prison du Banc du Roi. Son père, qui l’aime tendrement, le délivre et l’envoie étudier la jurisprudence dans ses terres d’Irlande, terres conquises du temps de Cromwell sur le prince d’Inismore, et données en récompense à un des aïeux de lord M…, meurtrier du prince. Le descendant de ce malheureux chiftain vit assez misérablement dans les ruines de l’ancien château de sa maison, avec Glorvina, sa fille, et le père John, son chapelain. Le possesseur actuel des domaines lui est en horreur ; ce n’est à ses yeux qu’un usurpateur infâme, dont il a défendu de prononcer le nom devant lui. De son côté, Horatio apporte d’Angleterre les plus injustes préventions contre l’Irlande et ses habitants. À peine arrivé dans son château, il apprend sur le prince d’Inismore des particularités qui lui donnent la plus forte envie de connaître par lui-même ce noble et singulier personnage. Il se transporte au vieux château d’Inismore, voit le prince et sa fille dans leur chapelle ; voulant ensuite les observer dans l’intérieur de leurs appartements, il monte sur un mur à demi ruiné qui s’écroule sous ses pieds, perd connaissance en tombant, et, quand il reprend ses sens, se trouve dans un lit du château, entouré du prince et des siens, qui lui prodiguent les soins les plus empressés. Horatio, qui méprisait l’Irlande, mais qui ne la connaissait nullement, se trouvant transporté au sein d’une famille fière d’appartenir à cette contrée, est aussi curieux d’apprendre ce qu’il ignore qu’on est empressé de le lui enseigner. Aussi tout entre lui et ses hôtes devient occasion ou sujet d’instruction ; dans mille entretiens variés, que les circonstances amènent tout naturellement, on lui fait connaître l’histoire, la législation, la religion, la littérature, les arts et les coutumes de l’ancienne Irlande, et on lui fait apercevoir ce que l’Irlande moderne en a conservé, malgré le temps, la conquête et