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sion dont elle doit redouter les suites. Osmyn bénit un événement qui lui procure l’occasion de faire éclater sa tendresse sous les dehors de la reconnaissance. Il révèle à sa jeune libératrice qu’il est fils d’un des martyrs de la liberté de la Grèce, et qu’il fait partie d’une association secrète qui aspire à délivrer sa patrie de l’oppression. Ida, n’étant plus contrariée par sa délicatesse, s’abandonne à toute l’énergie du sentiment dont il est embrasé. Cependant le disdar-aga, toujours occupé des moyens de s’assurer la possession d’Ida, emploie la calomnie pour persuader à son amant qu’elle lui est infidèle. Peu de temps après éclate une conspiration contre les Turcs ; Osmyn, chef des conjurés, tombe en leur pouvoir. Ida, poussée par la violence de sa passion et au risque de se perdre elle-même, vole au palais du féroce disdar-aga : pour la seconde fois elle ose lui demander la grâce du jeune Athénien : « Soyez à moi, lui dit le Turc. — Je suis à vous, répond Ida égarée, mais sauvez-le ! » Un cadi lui présente un contrat de mariage, elle signe. La nuit venue, l’aga se présente pour jouir de ses droits d’époux, mais au moment où il devient le plus pressant, des cris affreux lui apprennent que sa fille Juméli s’est enfuie avec le chef des rebelles. Il meurt en courant après les fugitifs. Ida rentre chez son père ; son secret est en sûreté ; mais l’idée qu’Osmyn l’avait oubliée pour se donner à une Turque la fit tomber dans l’état de langueur où la trouva le voyageur anglais lorsqu’il fit sa connaissance. Après son départ, l’archonte Rosemeli est jeté en prison et dévoué au lacet ; un janissaire le sauve : c’était Osmyn. Un derviche le fait embarquer avec sa fille : c’était encore Osmyn. Ida arrive en Angleterre ; son père y tombe malade, ses faibles ressources sont bientôt épuisées. Que va-t-elle devenir, seule, chargée du soin de ses jeunes frères ? « Cette jolie famille, dit l’auteur, n’excitait d’autre intérêt que celui de la curiosité. C’étaient des étrangers ! et la réserve, la prudence anglaise leur refusait un appui ! » Le malheureux père est arrêté pour dettes. Ida, égarée par le désespoir, parcourt la ville de Londres ; elle est sur le point d’expirer de douleur et de besoin, lorsqu’elle entre machinalement dans l’hôtel de lord B***. Elle reconnaît le voyageur anglais ; elle en est reconnue, et en reçoit tous les secours désirables, mais elle les rejette tous quand elle voit à quel prix ils lui sont offerts. Son père meurt ; sa détresse devient si affreuse, qu’elle est au moment de s’élancer dans la Tamise. Retenue par le souvenir de ses frères, le hasard le plus inespéré lui fait retrouver un des frères de l’oncle qui l’a élevée. Elle se retrouve en un instant au sein de l’opulence, et recherchée dans les sociétés les plus brillantes. Un colonel russe s’attachait partout à ses pas : c’était encore Osmyn ; mais Osmyn la croyait toujours perfide et coquette. Enfin la