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LA FEMME, ou Ida l’Athénienne, trad. par Dubuc, 4 vol. in-12, 1812 (publié sous le nom de miss Owenson). — Un Anglais, pour échapper à l’ennui qui le dévore, se laisse entraîner de Venise à Athènes. En parcourant les dehors de la ville, il aperçoit un pavillon d’une architecture élégante ; il s’approche, il ose écarter l’épais feuillage d’un jasmin d’Arabie, et découvre dans un appartement délicieux une jeune beauté qu’on eût prise pour la pudeur endormie. Quelques jours après, ayant été présenté chez un archonte athénien, l’Anglais reconnaît dans la fille de la maison, Ida Rosemeli, sa belle dormeuse. Admis dès lors dans la familiarité de l’archonte, il ne tarde pas à devenir passionnément amoureux d’Ida ; mais au moment où sa passion l’occupe tout entier, il reçoit des ordres qui le rappellent à Londres : dans son désespoir, il parvient à se ménager un tête à tête avec Ida, lui peint l’état de son âme, et persuadé que la sienne n’est pas moins agitée, il n’hésite pas à lui proposer un enlèvement. La fierté offensée, la délicatesse de la jeune Athénienne firent couler ses larmes, sa réponse fut noble, affectueuse même, mais décisive. Cette scène où la vertu d’Ida triomphe, est conduite avec un art infini ; il y a sur les idées des hommes dans la position où se trouve le jeune lord, sur leurs sentiments, sur leurs combinaisons, sur leurs ruses, des aperçus d’une justesse singulière. Pénétré d’une admiration involontaire pour la belle Athénienne, mais bientôt, cédant à l’orgueil irrité, l’Anglais quitte Athènes et la Grèce. Cette première partie du roman est parfaitement conçue et fait le plus grand honneur à miss Owenson comme écrivain. — L’auteur fait connaître ensuite les événements de la vie d’Ida. Elle venait d’accomplir sa quinzième année, lorsqu’en traversant la place d’Athènes elle vit un jeune chasseur grec aux pieds duquel était la tête d’un loup qu’il avait percé de ses flèches ; son oncle adresse un compliment de félicitation au bel adolescent : entraîné par un mouvement involontaire, Ida lui présente un amulette qu’elle avait détaché de son cou, en disant avec enthousiasme : « Et moi aussi je suis Athénienne. » Ce jeune homme était Osmyn, un des esclaves du disdar-aga. L’oncle d’Ida ayant reconnu en lui des sentiments d’une grande élévation, s’occupait des moyens d’obtenir sa liberté, lorsqu’on apprit que le jeune Grec avait disparu. Deux ans après, Ida, en se rendant aux bains publics, est suivie par un Arménien qui semblait attaché à ses pas. Des janissaires, ivres d’opium, veulent massacrer un vieillard grec : l’Arménien prend courageusement sa défense ; dans la chaleur du combat, son bonnet tombe, et Ida reconnaît en lui le bel Osmyn. Émue par ce spectacle, Ida oublie la retenue imposée à son sexe : elle court se précipiter aux pieds de l’aga, obtient la grâce du jeune Grec, mais elle inspire à l’aga une pas-