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plaisir, quoique, sous beaucoup de rapports, elles aient perdu l’intérêt de l’actualité ; mais si les mœurs ont changé, il y a une chose qui ne change pas, c’est la vivacité, c’est le charme des descriptions et du style.

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MONTALEMBERT
(Marie de Comarieu, marquise de), morte en juillet 1832.


*ÉLISE DUMÉNIL, roman original, 6 vol. in-12, 1801. — Un style pur, souvent harmonieux et quelquefois élevé, caractérise ce roman, qui offre beaucoup d’intérêt. Les situations touchantes y sont assez multipliées ; l’action est un peu compliquée ; le dénoûment est du plus grand effet.

HORACE, ou le Château des Ombres, 4 vol. in-12, 1822. — Au milieu d’une sombre forêt s’élève un antique manoir que le villageois ne peut regarder sans frémir ; c’est le château des Ombres, habité par des démons. Celui qui eut l’imprudence d’y entrer n’a jamais reparu ; toutes les nuits, des fantômes s’y promènent, et malheur à ceux qu’ils peuvent attraper. Bravant ces sinistres apparitions, Horace pénètre dans le château et en découvre les mystères, qui sont dévoilés avec talent dans le livre de Mme  la marquise de Montalembert. — Ce livre, dont l’intrigue est fortement conçue, joint à la grâce et au naturel du style une grande connaissance du cœur humain dans ses nuances les plus délicates.

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MONTESQUIEU (Charles de Secondat, baron de la Brède et de),
né au château de la Brède le 18 janvier 1689, mort le 10 février 1755


LETTRES PERSANES, 2 vol. in-12, 1721 ; idem, nouvelle édition augmentée de douze lettres, qui ne se trouvent pas dans les précédentes, in-12, 1761. — Les Lettres persanes, production importante sous une apparence frivole, où la fable d’un roman sert de cadre à la satire, où la satire est une arme invincible que dirige la philosophie, sont l’ouvrage de la jeunesse de Montesquieu. Quand il y mit la main, il avait environ trente ans ; il était dans toute la fraîcheur et la force de l’imagination, et il croyait le moment venu de frapper le public par une production d’éclat et de mode qui fît sa réputation d’écrivain, et le mît en évidence pour l’avenir. Ce fut comme un brillant échantillon qu’il donna de toutes les richesses de son vigoureux génie, comme un essai facile de la force et de tous les genres d’esprit à la fois. Les voluptueux de la régence goûtèrent le livre pour ce qu’ils cherchaient, et plus encore pour ce qu’ils devinaient dans ces peintures mystérieuses et ina-