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le massacre des bleus par les chouans à la Vivetière, comme cette scène où l’espionne est démasquée, comme les scènes de chouannerie où l’on chauffe un vieil avare au brasier de sa cuisine pour lui faire révéler sa cachette ; rien d’imposant comme la messe dite par un prêtre en guenilles, au milieu d’une forêt druidique, sur un autel de granit, pendant une matinée d’automne, et tandis que les habitants des campagnes circonvoisines, agenouillés près de leurs fusils, se frappent la poitrine en répétant le chant religieux. Nous citerons encore le combat d’Ernée, le repas d’Alençon, le bal des chefs de chouans, etc. Les mœurs des Bretons, leur justice sans appel, sont décrites avec vigueur, et un grand coloris de vérité s’y fait reconnaître.

PHYSIOLOGIE DU MARIAGE, ou Méditations de philosophie éclectique sur le bonheur et le malheur conjugal, publiées par un jeune célibataire, 2 vol. in-8, 1828. — Bien que l’auteur cherche à s’en défendre, ces deux volumes sur le mariage ont été composés tout exprès pour s’en moquer. Le mariage, cependant, sous quelque rapport qu’on le considère, n’est pas, que nous sachions, une chose si plaisante. Quant aux maris, après tout ce qu’on nous a dit de leurs infortunes, il ne reste rien de bien neuf et de bien gai à nous en dire ; il y a aujourd’hui trois sujets qui sont tout à fait hors du domaine de la plaisanterie : les maris, les médecins et l’académie ; on en a tant ri, qu’il est difficile d’en rire encore. — L’auteur défend aux femmes de le lire, et c’est assez sans doute pour leur en donner l’envie ; il se pourrait bien encore que quelques-uns de ces maris, qu’on dit de si bonnes gens, fussent curieux aussi de voir comment on se moque d’eux : on lira donc la physiologie du mariage, et voici un résumé de ce qu’on y trouvera. D’après des calculs statistiques dont l’exactitude paraît incontestable à l’auteur, il n’y a dans notre belle France que quatre à cinq cent mille femmes capables d’inspirer une passion, et dont la vertu puisse être en péril ; le reste, suivant lui, ne vaut pas l’honneur d’être compté. Or, dans ce nombre, combien croit-on qu’il trouve de femmes vertueuses ? Il en cherche une, il la cherche longtemps avec la lanterne de Diogène, et l’impertinent a de la peine à la trouver ; puis il entreprend de prouver qu’il est presque impossible à une femme mariée de conserver sa vertu ; et il ajoute même « qu’il faut singulièrement respecter les oreilles du sexe, car c’est la seule chose qu’il ait de chaste. » Cela nous paraît vraiment passer le badinage qu’un auteur puisse se permettre. Sans doute nous n’avons pas la bonhomie de croire que toutes les femmes sont vertueuses, et nous ne sommes pas assez niais pour l’affirmer, mais du moins un très-grand nombre, mais la majorité absolue, mais… presque toutes, et cela ne fût-il pas, il faudrait le dire et