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plus pathétiques de la passion. Il y a dans l’amour furieux et dévoué de Diane quelque chose de la colère maternelle d’une lionne défendant sa famille : c’est qu’en effet Diane aime Bernard à l’heure du danger autrement qu’elle ne l’aimait d’abord ; c’est qu’au moment de le perdre, elle sent redoubler pour lui sa première affection.

MOSAÏQUE, in-8, 1838. — Sous ce titre, l’auteur a réuni plusieurs contes et nouvelles, parmi lesquels on distingue : — Mateo Falcone, roman où il est impossible de pousser plus loin l’artifice des incidents et du style, et d’enfermer dans un espace aussi étroit plus d’émotions et d’idées, d’indiquer avec plus de concision et de vivacité autant de physionomie et de caractères. — Tamengo, récit qui commence comme une satire, et qui finit comme une épopée homérique ou dantesque. — La partie de trictrac : ce n’est pas un récit complet ; le commencement surtout est confus ; mais le caractère de la comédie est parfait. Le suicide du Hollandais ivre et ruiné, le désespoir du malheureux jeune homme qui a triché au jeu, et qui se méprise, sans pouvoir convertir à sa haine pour lui-même l’incrédulité frivole de sa maîtresse, sont des traits excellents. — Le vase étrusque est un des ouvrages le moins vrai, le moins naïf et le moins simple de tous les ouvrages de M. Mérimée. Il s’y trouve néanmoins des pages d’une nature exquise. Le sujet est neuf et bien saisi. Ce n’est pas une donnée commune que la jalousie rétroactive. Les angoisses et les questions inquiètes de Saint-Clair sur l’origine du vase qu’il frappe crescendo, comme un tamtam, sont très-habilement racontées. Mais les conversations de déjeuner ne valent rien. Le voyage d’Égypte est presque inintelligible pour ceux qui ne connaissent pas l’original. Le dénoûment ne dénoue rien. À tout prendre, c’est un récit plein de coquetterie, de papillotage, de faux goût, et qui fait tache dans les œuvres sévères et châtiées de l’auteur.

LA DOUBLE MÉPRISE, in-8, 1833. — Raconter avec détail au lecteur tout ce que contient cet ouvrage, dont on croirait le titre emprunté à la vieille comédie, ce serait le déflorer. Nous dirons donc à ceux qui ne l’ont pas encore lu, que ce livre est court, que l’action est simple et naturelle comme un de ces épisodes de la vie familière qui passent tous les jours inaperçus sous nos yeux. L’auteur s’est plu à tracer des portraits et des caricatures : des portraits, comme en font les Johannot, des caricatures comme il en échappe souvent au crayon spirituel d’Henri Monnier. D’abord c’est M. de Chaverny, le mari philosophe, personnage comique et naturellement gauche. M. de Chaverny a été pendant