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où la partie la plus brillante du caractère français, la facilité de commerce, est accusée, condamnée, traînée sur la claie. Sous le rapport moral, quelque voluptueux que soient plusieurs tableaux, tous brûlants d’une séve de jeunesse et d’une fureur d’artiste, les Intimes ne sont pas indignes d’estime. La sainteté du foyer domestique y brille ; l’apologue moral y est enfermé, en dépit de l’auteur lui-même, qui a semblé ne choisir pour conclusion que le désespoir.

DANIEL LE LAPIDAIRE, ou les Contes de l’atelier, 4 vol. in-8, 1832-33. — Ces quatre volumes renferment onze contes : 1o la Femme du réfractaire ; 2o une Mère ; 3o la Complainte ; 4o la Maîtrise ; 5o l’Enseigne ; 6o le Grain de sable ; 7o l’Inévitable ; 8o Annah l’Hébêté ; 9o la Fabrique ; 10o un Nom à tout prix ; 11o Les deux Rois. Ils sont d’un intérêt tel, qu’à l’exception de deux ou trois, tous les autres ont fourni des sujets de pièces de théâtre ; quelques-uns même jusqu’à trois et quatre pièces en même temps. — Dans le nombre de ces contes, on distingue principalement : Une mère, pauvre femme livrée sans défense à la séduction, et qui, plus tard, se rachète de l’infamie par son inaltérable persévérance de dévouement au bonheur d’une fille adorée ; la Complainte, où l’on voit dans une mansarde à peine éclairée par la tremblante lueur d’une lampe funéraire, un malheureux que les tortures du désespoir ne peuvent arracher à son horrible tâche : près du lit de mort où repose le cadavre de sa bien-aimée, il achève avec une délirante ardeur une complainte que l’éditeur attend au matin même… Cent écus seront le salaire de cette œuvre infernale, et paieront les frais des funérailles. L’Enseigne est une satire ingénieuse et piquante de la bienfaisance de parade.

LA LAMPE DE FER, 2 vol. in-8, 1835. — Sous ce titre, l’auteur a publié une dizaine de nouveaux contes, pour faire suite aux Contes de l’Atelier. Parmi ces nouvelles, on remarque celles qui ont pour titre : La voix du sang, Cinquante ans de règne et quatorze jours de bonheur, Gaspard Besse, les deux coupables, Carmagnole, Jeannot, la Palisse et la Ramée.

THADÉUS LE RESSUSCITÉ, 2 vol. in-8, 1833 (en société avec Auguste Luchet). — Par une nuit d’hiver, en 1796, à Paris, un homme jeune et encore beau, mais pâle, le front sillonné de rides prématurées, attend dans le jardin d’un hôtel où tout respire la joie d’une fête somptueuse ; silencieux, les bras croisés, l’œil fixé sur une fenêtre du premier étage, il écoute les bruits du bal. Averti par un signal convenu, il s’approche d’une porte basse ; une femme en sort, il la conduit dans un pavillon où il s’enferme avec elle. C’est l’opulente maîtresse de cet hôtel, la belle Clarence de Vauxbuin ; elle s’est arrachée un moment aux hommages d’un