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fant ! Marmontel obtint pour lui le privilége du Mercure ; mais ce n’était pas tout que le privilége d’un journal, il fallait à Boissy des collaborateurs qui pussent jeter de l’éclat sur son entreprise. Marmontel ne laissa pas son noble procédé imparfait ; il envoya dès le lendemain à Boissy le premier des Contes moraux, intitulé Alcibiade, qui eut un succès inespéré. Ce conte d’Alcibiade est fort joli ; mais l’action vaut encore mieux que le conte. Soliman II, le Scrupule, et les Quatre Flacons, parurent successivement et à peu près de mois en mois dans le Mercure ; il en fut de même de la suite des autres contes, imprimés plus tard séparément sous les titres de Nouveaux contes moraux. Ces contes, ainsi que Bélisaire, offrent des tableaux heureux, d’utiles préceptes, et le mérite d’un bon style ; ils ont été traduits dans toutes les langues de l’Europe, et sont journellement réimprimés.

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MARRYAT (le capitaine), romancier anglais du XIXe siècle.


PIERRE SIMPLE, ou Aventures d’un officier de marine, traduit par Defauconpret, 2 vol. in-8, 1837. — Le capitaine Marryat, vrai marin comme l’a été Cooper, a retracé dans ce roman des aventures ordinaires, qui toutes ont pu arriver à un marin dont la vie aurait été traversée par un grand nombre d’accidents et de dangers. Pierre Simple est un jeune homme d’une famille noble, mais d’une branche cadette et pauvre, qui entre à quatorze ans dans la marine anglaise, avec le grade de midshipman, et en sort plus tard pour se marier et recueillir l’héritage de la pairie que lui laisse la mort d’un de ses oncles, lord Privilége. Cet échange de sujets entre la flotte et la chambre haute, en Angleterre, n’est pas rare, et de là vient que l’on voit sur les navires tant de belles manières, de dignités, de mœurs élégantes, et, dans quelques coins de la société la plus élevée de Londres, des habitudes de tavernes, des vices ramenés sur tous les points du globe, des désordres miraculeux, où les plus grands seigneurs d’Angleterre, les seuls grands seigneurs qu’il y ait encore au monde, n’ont pas de rivaux dès qu’ils veulent s’en mêler. — Pierre Simple est un jeune homme de quatorze ans, cadet d’une noble et opulente famille, qui, en vertu du doit d’aînesse, est destiné à mourir de faim, à moins qu’il n’obtienne de vivre aux dépens de l’État, dans un de ces emplois qui sont comme la taxe des pauvres de l’aristocratie anglaise. Pierre Simple, qui n’a jamais vu la mer, est embarqué comme midshipman. Comme il est doué de deux bonnes qualités, de l’honneur et du courage, il leur doit bientôt un zélé protecteur, O’Brien, plus âgé que lui, et qui s’attache à sa destinée de l’amitié la plus dévouée. Dès la première croisière, en