Page:Revue des Romans (1839).djvu/463

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

son principe, et mettre en action sa morale, M. Lemercier imagine une passion honteuse, tenace et abominable ; il la montre séduisant, maîtrisant, poussant au crime un homme chaste, honnête et religieux, sans que ni les préceptes de la religion, ni la crainte des lois puissent l’en détourner, tandis que la voix de la conscience s’élève enfin dans son cœur, l’ennoblit, le purifie et opère un retour que n’auraient pu obtenir ni les hommes avec la crainte de leurs châtiments, ni Dieu avec l’appât de ses récompenses. Voilà Alminti, tel que M. Lemercier a voulu le faire. — A-t-il réellement atteint son but ? Le lecteur prononcera.

Séparateur

LEMERCIER (Mme  L. Viberti, dame), née à Turin vers 1783.


LA FAMILLE PIÉMONTAISE, 2 vol. in-12, 1828. — Cette jolie nouvelle est un tableau de famille et une peinture des passions du cœur. La scène se passe aux environs de Turin. La jeune Guittina Bonelli, élevée à la campagne, dans une maison de plaisance, n’a pas été insensible à l’amour qu’éprouve pour elle le jeune Montfort, artiste français recommandé à sa famille. Des obstacles insurmontables de naissance et de fortune séparent les deux amants. Le roi Amédée, voulant récompenser les services des Bonelli, a choisi pour époux de Guittina le comte de Rosaviale. La jeune personne, livrée aux obsessions de sa famille, séparée de son ami dont l’amour a été découvert, est conduite comme une victime à la cour de Turin, et présentée au roi qui la félicite sur son prochain mariage. Dès le soir même on doit lui présenter son futur. Guittina ne pouvant résister aux vives émotions qui sont venues tout à coup l’assaillir, tombe malade et donne des signes de folie. Cependant Montfort, qui n’est autre que le comte de Rosaviale, qu’un caprice romanesque avait poussé à se faire aimer pour lui-même sous le déguisement d’un artiste, essaye vainement de lui faire comprendre la vérité dans les intervalles de son délire. La jeune fille se refuse à le croire, et déclare qu’elle n’aura confiance qu’en la personne du roi, qui n’hésite pas à venir lui confirmer l’identité de Montfort et de Rosaviale. En peu de jours Guittina recouvre la raison, et les deux amants sont unis. Mais peu de jours après, une catastrophe vient ravir à la pauvre Guittina les courts instants de bonheur que lui enviait sans doute la sensibilité impatiente des lecteurs avides d’émotions fortes.

On a encore de cet auteur : Suzanne, ou la Coquette sans le savoir, in-12, 1827. — Victor-Amédée II, ou le Siége de Turin, in-12, 1829. — Une Femme à quarante ans, 4 vol. in-12, 1832. — Marguerite de Beauménil, in-8, 1833. — La Camériste, in-8, 1835. — Une Femme prodigue, in-8, 1838.

Séparateur