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délité. On verra dans l’ouvrage, par quelle suite de malheurs, de prodiges, de catastrophes, une jolie fille était devenue un méchant farfadet.

MONSIEUR LE PRÉFET, 4 vol. in-12, 1824. — Le titre et le cadre de cet ouvrage sont bien choisis, c’est un tableau des mœurs du temps, piquant par sa sévérité. Nous ne pensons pas cependant qu’on rencontre en France beaucoup de préfets qui rassemblent dans leur personne tous les travers, tous les ridicules qu’il a plu à l’auteur pour en orner le héros de son roman ; il a fait ce que font les auteurs de comédies de caractère, et ce que fit le célèbre artiste qui avait emprunté les charmes de mille beautés différentes pour en composer la Vénus. Le sujet, par lui-même fécond, est traité avec art, et fourmille de scènes comiques ; c’est un drame à tiroir plein de mouvement ; les caractères sont variés et bien soutenus ; sous le masque de la folie, l’auteur instruit en amusant ; souvent au milieu des scènes les plus gaies, on en trouve de plus sérieuses et qui peuvent donner lieu à d’utiles réflexions.

LA PROVINCE À PARIS, ou les Caquets d’une grande ville, 4 vol. in-12, 1835. — Le jeune vicomte de Sonnebreuse, doué de toutes les qualités du cœur et de l’esprit, brillant de toutes les grâces physiques, et riche des dons de la fortune, arrive à Paris, et apprend à son ami Mellevaut, qu’il a été forcé de quitter sa petite ville par les caquets de plusieurs personnes ; il espère jouir à Paris d’une parfaite tranquillité, et compte que personne ne surveillera plus ses démarches, ne dénaturera plus ses discours. Mais les Parisiens sont pour lui comme les provinciaux ; tous ceux qui l’entourent se plaisent à rapporter sous un faux jour ce qu’il dit et ce qu’il fait ; grâce à eux, Sonnebreuse, qui veut toujours être modéré, passe pour jacobin parmi les ultras, pour ultra parmi les libéraux ; de là des événements variés. On le brouille avec ses prétendues ; on le fait battre avec un poëte romantique et un peintre ; il veut parvenir dans la diplomatie, et ne sait pas obéir assez aveuglément au ministre ; tout lui réussit mal ; et bientôt, dégoûté de Paris, où il retrouve les mêmes désagréments que dans sa province, il prend le parti d’aller se confiner dans une de ses terres. — Des détails piquants, une observation vraie des vices et des ridicules de la société, des situations comiques, un style rapide et animé, mais déparé par de nombreuses incorrections, sont les qualités qui distinguent ce roman.

MONSIEUR ET MADAME, 2 vol. in-8, 1837. — C’est un livre triste que Monsieur et Madame, un livre qui nous peint le monde sous un jour bien hideux, bien repoussant ! Une jeune fille qui