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pirates de la Nouvelle-Angleterre, le contraste qui résulte de l’opposition des physionomies hollandaises des premiers colons de Long-Island avec les figures horribles des flibustiers, tout cela s’anime sous la plume du conteur, et la variété des sujets qu’il traite donne un charme de plus à ses récits. La peinture des accidents de la nature est rendue avec un grand talent, surtout dans le quatrième volume, quand l’auteur nous transporte dans sa patrie, et nous initie aux mystères superstitieux qui firent le charme et l’effroi de son enfance. L’admirable talent avec lequel M. Cooper a su intéresser, pendant quatre volumes, à la vie de vaisseau, aux scènes changeantes de la mer, et jusqu’aux descriptions des moindres manœuvres, est égalé par le tableau que M. Irving nous présente des effets produits par la marée dans le périlleux détroit de Long-Island, et des coutumes anglo-hollandaises de la petite ville des Mauhattos. Du reste, la partie la plus remarquable de l’ouvrage est le second volume : la vie littéraire de Londres y est peinte avec un art qui rappelle à la fois la finesse de Swift et l’originalité de Steele, et il se pourra que nos comédiens, nos auteurs et nos libraires se reconnaissant dans ce tableau, qui pourtant n’a été composé que d’après des modèles anglais.

MÉLANGES, 2 vol. in-8, 1835. — L’éditeur a rassemblé dans ces deux volumes plusieurs opuscules détachés d’un grand intérêt : un voyage dans les prairies à l’ouest des États-Unis, qui nous fait assister à une périlleuse chasse aux buffles ; un pèlerinage au manoir d’Abbotsford, en 1816, où l’on trouve de curieux détails sur les habitudes du célèbre romancier écossais ; un autre pèlerinage à l’abbaye de Newstead, où déjà ne restait plus que le souvenir de Byron.

LES CONTES DE L’ALHAMBRA, 2 vol. in-8, trad. par Mlle Sobry. — En lisant ce voyage poétique dans la province de Grenade, on s’aperçoit que le pèlerin a séjourné dans le lieu dont sa plume s’est emparée, qu’il n’a pas jeté autour de lui de furtifs et indolents regards, mais qu’il a admiré ce palais des rois maures, où la grâce s’allie à la majesté, la gravité à la magnificence. Les récits de Washington Irving, simples et naïfs, ne sont pas de grossières inventions sans but, sans suite ; il y a, dans les deux volumes qu’a fort bien traduits Mlle Sobry, l’imagination vive des Espagnols et la profondeur mystérieuse des Sarrasins. L’Alhambra est devenu pour nous un palais enchanté, où les génies nocturnes plongent dans les cascades, courent dans les longues galeries et en escaladent les frêles piliers.

Nous connaissons encore de cet auteur : Le Château de Bracebridge, 4 vol. in-12, 1823. — Voyage d’un Américain à Londres (2e éd.), 2 vol. in-8, 1827. — Contes américains, in-12, 1832.

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