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orpheline et sans fortune, a été élevée à Memel dans la maison d’une dame Évrard qui, n’ayant aucunes nouvelles de sa fille unique établie en Saxe, a lieu de redouter pour elle de sinistres événements. À dix-huit ans, Sophie, pour calmer ses craintes, et par un désir secret de voir le monde et d’en être vue, se propose d’aller elle-même en Saxe prendre des informations. Elle part avec un aventurier qu’elle a quelque raison de croire son frère. Parmi ses compagnons de voyage, elle distingue un beau jeune homme nommé Lesser, qui jusqu’à la fin du roman est l’objet des vœux de Sophie ; elle-même, sans le savoir, est la dame de ses pensées. En arrivant à Kœnigsberg, Sophie est guidée dans le choix d’un hôtel par un honnête marin nommé Puff, qui a amassé dans les Indes une fortune considérable ; il s’attache aux pas de l’héroïne et lui offre sa main ; mais elle se refuse constamment à répondre à sa tendresse, espérant toujours de retrouver Lesser. Un général russe, qui l’a vue dans un bal, devient amoureux de Sophie ; il la fait enlever et conduire à Dantzick, mais Puff parvient à la délivrer. À Kœnigsberg, elle revoit Lesser, qui ne témoigne aucune envie de l’épouser. Puff, après lui avoir encore offert en vain de devenir son époux, prend le parti de se marier. Sophie reste seule assez désorientée. Enfin ses amis apprennent plus tard qu’elle finit par donner sa main à un pauvre maître d’école, qu’elle fait longtemps souffrir par sa coquetterie et ses grands airs, mais qu’elle finit enfin par rendre heureux.

Nous connaissons encore de cet auteur : Mémoires de Fanny Wilkes, in-8, 1766. — La Paysanne non parvenue, in-8 (Breslau).

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HERVEY (mistriss Elisa), romancière anglaise.


*LA FAMILLE DE MOURTRAY, trad. de l’anglais par Ét. Aignan, 4 vol. in-12, 1802. — La famille qui donne son nom à ce roman est composée de quatre individus : M. Mourtray, sa femme, un fils passablement étourdi, et Emma, jeune personne douée d’un excellent cœur et d’une figure charmante. Condamnée d’abord par la médiocrité de sa fortune à vivre à la campagne, la famille Mourtray passe tout à coup dans l’opulence à la faveur d’un grand héritage. Cette fortune inattendue place naturellement les personnages dans une nouvelle position, et son influence opère également sur les divers caractères. M. Mourtray seul, homme d’un grand sens, mais d’une grande faiblesse, résiste à une pareille épreuve ; sa femme, au contraire, qui se voyait avec peine contrainte à vivre dans la retraite, s’élance avec ardeur dans le tourbillon du monde, et sa fille la suit. Emma rencontre dans les cercles brillants de Londres lord Miramont, jeune homme charmant, quoi-