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pereur Gordien II offre à son amant le lit et la pourpre des Césars ; la jeune esclave des Gaules, les privations du désert et les palmes sanglantes du martyre. Flavien, que se disputent ces deux amours, passe par toutes le crises de l’antagonisme de l’esprit et de la matière. Faustine parvient-elle à s’emparer de son cœur, il se replonge avec une ardeur nouvelle dans les saturnales du paganisme ; mais si, dans l’enivrement des délices qui l’entourent, il aperçoit à travers le portique le voile blanc de la catéchumène qui se rend à l’agape du soir, il quitte aussitôt l’orgie bruyante, les convives parfumés, le falerne fumant, les danseuses demi-nues, pour suivre l’étoile mystérieuse qui a relui tout à coup dans les ténèbres de son intelligence. La parole simple et chaste de Néodémie commence l’initiation, et son amour l’achève. Le proconsul d’Afrique, le préfet du prétoire, le voluptueux de Baïes prend le chemin du désert et va grossir les rangs de cette milice qui se préparait dans le gymnase brûlant de la Thébaïde à la conquête de l’univers. — Le doute vaincu par la foi qui appelle l’amour à son aide, telle est donc la pensée du roman de M. Guiraud.

Nous connaissons encore de cet auteur : Césaire, 2 vol. in-8, 1830.

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GUIZOT (Mlle  Élisabeth Charlotte Pauline de Meulan, dame),
née en 1773, morte en 1827.


LES CONTRADICTIONS, ou Ce qui peut arriver, in-12, 1799. — Ce roman est le premier essai littéraire de Mlle  de Meulan. Le héros, au premier chapitre, s’éveille le décadi matin, heureux d’aller se marier le même jour avec l’aimable et vive Charlotte. Son domestique, Pierre, espèce de Jacques le fataliste, honnête et décent, l’habille en disant, suivant son usage : « Eh bien ! ne l’avais-je pas toujours dit à monsieur ? » On va chez la fiancée qui est prête, et de là à la municipalité où l’on attend ; mais l’officier municipal ne vient pas, sa femme est accouchée de la veille, il faut bien qu’il ait son décadi pour s’amuser avec ses amis et fêter la naissance de son enfant. « Ce sera pour demain, » se dit chacun, et l’on s’en revient un peu désappointé ; le rival, qui est de la noce en qualité de cousin de Charlotte, sourit ; l’optimiste Pierre répond à son maître tout irrité, par son mot d’habitude : « Qui sait ? » Le lendemain il pleut, on arrive trop tard à la municipalité, et l’officier n’y est déjà plus. Le surlendemain il faut que le fiancé parte en toute hâte pour assister une vieille tante qui meurt. Bref, de décadi en primidi, de primidi en duodi, de contre-temps en contre-temps, le mariage de Charlotte, qui est coquette, ne peut manquer de se défaire, le héros étant lui-même assez volage et très-irrésolu, et c’est