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échoua dans l’entreprise qu’il tenta pour s’emparer de cette ville, afin de préparer son entrée à Paris. Certains passages de ce roman annoncent un esprit fort original, plein de grâce et d’énergie, toutes les fois que l’auteur prend librement son essor. Nous citerons, parmi les chapitres du siége de Rouen qui nous ont paru porter plus évidemment le cachet du talent, ceux intitulés : les Portraits de famille, la Lettre, la Délivrance, etc.

LE FILS DU MEUNIER (deuxième partie, le Siége de Paris), 5 vol. in-12, 1828. — Cette fois l’auteur s’est inspiré de la satire Ménippée, et de cette foule d’écrits furibonds de la Ligue en délire, que les porte-paniers du palais colportaient dans Paris, assiégé par les troupes royales. Le journal de l’Étoile, et une foule d’autres livres de la même époque, ont aussi fourni au romancier des traits de mœurs qui l’ont puissamment aidé à la peindre avec vérité. L’histoire du Fils du Meunier se poursuit et s’achève dans cette dernière partie de la trilogie.

MAURICE PIERRET, 5 vol. in-12, 1830. — Sous le règne de la terreur, une jeune fille noble, dont les parents sont morts sur l’échafaud, habite seule le manoir paternel, vieux château dans lequel les jacobins de la ville voisine mettent une garnison de l’armée révolutionnaire. Elle est contrainte par la violence d’épouser un homme du peuple, Maurice Pierret. Elle est à peine sortie de l’enfance, laide, gauche, habillée comme sa grand’mère. Elle a horreur de Maurice, petit rustre de dix-sept ans, hideux, grossier, qui la déteste. Toutefois elle s’opiniâtre, avant d’aller à la municipalité, à être mariée par un prêtre, vieillard que l’on cache dans une retraite inaccessible du château. À peine mariés, les jeunes époux réclament tous deux le divorce, et se fuient à leur grande joie réciproque. Des années s’écoulent ; Maurice devient un avocat célèbre, un homme très-aimable et fort beau. La jeune fille est devenue une femme charmante et parfaite. Ils se revoient au moment où les parents de Pauline veulent la marier à un gentilhomme ; mais quoique divorcée, pieuse, elle ne peut oublier qu’un prêtre a béni sa première union. Maurice s’est épris d’une vive passion pour sa femme ; elle l’aime aussi ; mais une foule d’obstacles s’opposent à leur réunion : une circonstance tout à fait imprévue l’opère sans effort au moment où, prêts à se séparer une seconde fois, ils se faisaient d’éternels adieux.

DON MARTIN GIL, histoire du temps de Pierre le Cruel, 2 vol. in-8, 1831. — Le sujet de ce roman, puisé dans les chroniques castillanes, remonte aux temps si pittoresques, si rudes, si animés, de Pierre le Cruel et de Blanche de Bourbon, deux figures où contrastent avec tant d’éclat tout ce que la force a d’énergie et de cruauté, tout ce que la jeunesse a de grâce et de poésie. Mouve-