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ARLINCOURT.

successives ; un sénéchal d’un âge mûr, qui s’avise de devenir amoureux d’Isolette, et par-dessus tout cela l’invraisemblance que le lecteur découvrira quand il connaîtra le nom et le rang de l’Étrangère, ces défauts et de choquants anachronismes, tels qu’un empereur d’Autriche que l’on fait régner au commencement du XIIIe siècle, justifient la critique dont l’Étrangère a été l’objet lors de sa publication. Il est cependant certain que ce roman, qui eut, lors de son apparition, un succès de vogue, et dont on ne parle pas plus aujourd’hui que des autres ouvrages de M. d’Arlincourt, il est certain, disons-nous, que ce roman intéresse en dépit de la raison ; on ne peut s’empêcher d’y reconnaître du mouvement, des combinaisons, de la chaleur, des tableaux, des caractères, un certain prestige, de la passion, des sentiments tendres, impétueux, exaltés, des situations tragiques et une foule d’idées qui ne sont point communes.

LES REBELLES SOUS CHARLES V, 3 vol. in-8, 1832. — Ce roman est une allégorie en trois volumes. Charles V, c’est Charles X ; les rebelles, c’est vous, moi, la chambre des députés, la chambre des pairs, l’armée, la garde nationale, la nation entière. Rien enfin ne manque à la comparaison entre notre siècle et le XVe, pas même le duc de Bordeaux, que M. d’Arlincourt nous fait entrevoir en la personne de Charles VII, étoile qui brille au loin. Cette partie de la politique moderne remplit une grande moitié du roman ; aussi bien la grande question pour M. d’Arlincourt était de rappeler au plus tôt les rebelles à l’ordre, de leur faire sentir ce qu’il y a d’inconvenant, d’indiscret, de peu délicat, à bannir un monarque, lors même qu’il foule aux pieds ses propres lois ; de leur prouver, quand ils ont commis cette inconséquence, qu’ils doivent, toute affaire cessante, aller le rechercher la hart au cou et un mouchoir blanc à la main. Cela bien démontré, le reste importait peu ; aussi M. d’Arlincourt ne s’est guère occupé des détails, c’est-à-dire, des situations, des caractères, des personnages, du style. Ce style est celui que chacun lui connaît, non moins bouffon qu’autrefois, et un peu plus prétentieux encore. — Henri Talebar a été élevé par la comtesse de Monthuel avec ses deux enfants, Édouard et Marie de Monthuel. Henri aime Marie et veut se permettre avec elle des libertés ; elle s’en plaint à sa mère, qui met Henri à la porte, et celui-ci, en s’éloignant, jure de se venger. Il entre dans une compagnie de malandrins, et, en passant à Dijon, fait la connaissance d’Yola, la nymphe, la sylphide obligée des romans de M. d’Arlincourt. Voir Talebar, l’aimer, le lui dire, pour Yola, c’est l’affaire d’un instant ; mais Yola est royaliste et ne veut épouser qu’un royaliste, si bien que Talebar va se faire royaliste, lorsqu’il est attaqué par les troupes de Charles V et laissé pour mort. Heureusement