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qu’occupe le roi ; toutes les corporations en mouvement ; une variété infinie de costumes ; les plus grands seigneurs étalant un luxe ruineux ; la procession des hérétiques ; de grands mannequins représentant d’une manière bizarre ceux qui sont morts dans l’inquisition, et portant eux-mêmes leurs os desséchés avec des bras postiches ; vingt incidents mêlés au spectacle principal, et tenant sans cesse la curiosité en éveil ; enfin, la nécessité pour tous les spectateurs de sourire pour ne pas être suspects, forment certainement un tableau auquel nul autre ne peut être comparé, et qui fait regretter, pour l’enseignement de notre génération, de ne pas avoir une traduction complète de l’ouvrage de José del Olmo.

LA DAME DE SAINT-BRIS, 2 vol. in-12, 1828. — Cet ouvrage est la première partie d’une sorte de trilogie sur les événements les moins connus du temps de la Ligue, et qui sont restés comme ensevelis dans le livre peu lu de Pasquier, intitulé des Recherches de la France. Le vieux et naïf auteur s’étonne que les historiens de cette guerre civile n’aient presque point parlé des conférences de Catherine de Médicis avec le roi de Navarre au château de Saint-Bris sur les bords de la Charente. Pasquier en rapporte des particularités pleines d’intérêt. Il s’agissait pour Catherine de conquérir son gendre Henri de Navarre à la cause royale. Aussi, connaissant le faible de ce prince vert-galant, la reine mère avait-elle amené à Saint-Bris cette multitude de jeunes et belles filles, qu’elle appelait son escadron volant ; elle s’était fait suivre aussi d’un cortége de décorateurs et de musiciens italiens, et de tout l’attirail d’un théâtre. Ses filles d’honneur jouaient la comédie et dansaient des ballets. Toutes ces séductions furent infructueuses sur l’esprit de Henri, épris des charmes de la dame de Saint-Bris, dont le château avait été choisi par Catherine pour le lieu de ces conférences, qui demeurèrent sans résultats politiques. Les dialogues entre la reine mère et Henri sont racontés en détail par Pasquier. Le roman en a fait son profit ; ils donnent à son œuvre une grande couleur de vérité, qui se reflète avec bonheur sur les autres parties du drame fruit de son invention.

LE FILS DU MEUNIER (première partie, le Siége de Rouen), 4 vol. in-12, 1828. — C’est encore dans l’ouvrage de Pasquier que l’auteur a puisé les scènes principales de ce roman historique, qui fait suite au précédent. L’institution si bizarre du jugement de la gargouille, laquelle ne fut abolie que par la révolution de 1789, et dont Pasquier raconte plaisamment les détails très-sérieux, a suggéré au romancier l’idée d’un roman neuf et attachant. Une partie des acteurs qui figurent dans la Dame de Saint-Bris, reparaissent dans le Siége de Rouen : on sait que Henri IV, déjà roi,