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ber entre ses mains les titres qui constataient la naissance du fils d’Isabel ; il ne lui fut pas difficile de persuader à celle-ci, alors âgée et crédule, qu’il était son fils ; mais la scène se passait en présence d’un témoin en apparence impassible, et qui pourtant était le plus tourmenté de tous. Ce témoin est le véritable Mariano, connu sous le nom de don Mathias, et investi de la dignité de corrégidor. Il reconnaît sa mère et n’ose l’avouer ; il voit un intrigant lui voler son nom, et n’ose le démasquer ; tout réussit donc en apparence à Pérès ; mais les jeunes sœurs de la victime de Mariano ayant imploré justice contre le meurtrier de leur frère, Pérès se trouve pris dans ses propres filets : s’il persiste dans sa fraude, il est dévoué à la mort comme assassin, et à la peine des faussaires s’il confesse qu’il n’est point le comte de Villamayor. Enfin, la vérité se manifeste ; Villamayor reprend ses droits ; Pérès est envoyé aux présides, et Fernando épouse Éléna.

LE TARTUFE MODERNE, 3 vol. in-12, 1825. — Le but que l’auteur s’est proposé dans ce roman a été évidemment de dévoiler les ruses et les projets des jésuites. Il a peint surtout avec talent un certain abbé Laurent, émissaire secret de Rome ou de Montrouge, qui brouille une honnête famille, empêche un mariage assorti, met obstacle à tout le bien que veut faire un riche protestant dans le pays qu’il habite, expulse un excellent curé de la paroisse qu’il édifiait par ses vertus ; et tout cela, pour faire restituer à l’Église un bien légalement aliéné. Le personnage qui contraste le plus avec l’abbé Laurent, est une vieille et sévère janséniste, qui cite à tout propos saint Augustin, mais qui est juste et charitable ; la scène dans laquelle elle dispute avec l’abbé Laurent sur la grâce, est extrêmement piquante. Parmi les personnages secondaires, dont les caractères sont assez bien tracés et soutenus, on remarque celui d’un chevalier et d’une comtesse de l’ancien régime, qui ont conservé, après trente années de révolution, toute la légèreté, toute l’insouciance et tous les vices de leur temps. Le portrait d’un jeune homme qui, né bon et sensible, devient un monstre d’ingratitude, est aussi tracé de main de maître : il avait été formé, séduit par l’abbé Laurent ; c’était un jésuite de robe courte. Le caractère de l’abbé Laurent passe pour avoir été tracé d’après celui d’un fonctionnaire public, bien connu en France par son intolérance, son dévouement à la cour de Rome et à la congrégation. — Le Tartufe moderne est le livre d’un homme de bien, qui a en horreur l’hypocrisie. On y trouve, en assez grand nombre, des maximes qui ne dépareraient pas un ouvrage politique ; celle-ci, par exemple : « Remarquez que, dans un pays où triomphent les principes de ces hommes avides et ambitieux (les jésuites), c’est-à-dire, là où l’élément sacerdotal domine dans