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retenir. Elle s’échappe, débarque à Calais, y séjourne quelque temps, puis recommence ses voyages. En Russie, Catherine II daigne l’accueillir ; en Pologne, le prince de Radzivil lui donne des fêtes magnifiques, notamment une chasse aux flambeaux, dont la description se trouve dans tous les journaux du temps. On prétend même qu’il ne tint qu’à elle de donner à ses deux époux un successeur illustre ; mais la bizarrerie de ses penchants ne lui permit point de faire cet établissement. Il fallait des choses extraordinaires à la duchesse de Kingston ; et un aventurier comme Wortu eût mieux réussi près d’elle qu’un grand prince. De retour en France, sa grande fortune, son esprit, sa réputation, ses folies même, ne pouvaient manquer de lui assurer une existence brillante ; elle y vécut longtemps entourée d’artistes et d’hommes d’esprit de toutes les classes. Elle venait d’acheter le superbe château de Saint-Assise, lorsqu’elle fut attaquée de la maladie dont elle mourut. La duchesse laissa par son testament de riches présents à plusieurs souverains ; mais on croit que ce testament, fait en France avec la forme anglaise, a été cassé en Angleterre. L’héritage de la duchesse était, dit-on, de quatre cent mille livres sterling.

*L’ABBAYE D’HARFORD, ou Lise et Amédée, 4 vol. in-12, 1813. — Le jeune Amédée de Sombreuil émigre en Angleterre, à l’époque de la révolution. Ennuyé de la vie de Londres, il veut faire un voyage et part suivi d’un valet. Après avoir fait quelques milles, il est attaqué par des voleurs, parmi lesquels il reconnaît le chevalier de Rullecourt, un de ses anciens amis, qui quitte ses compagnons pour renouveler connaissance avec Amédée. Rullecourt le conduit à l’abbaye d’Harford, dont les voleurs habitent les souterrains, et dont les bâtiments sont occupés par une pauvre femme et sa fille, la belle Lise de Monlac, aux besoins desquelles Rullecourt fournit en secret. Amédée devient amoureux de Mlle de Monlac, et parvient, à l’aide de son ami, à pénétrer jusqu’à elle, à s’en faire aimer et même à l’épouser. Peu de temps après, il quitte sa femme, repasse en France, oublie qu’il est déjà marié, et contracte une autre union. Sa première épouse se désespère, mais Rullecourt se dévoue à son service et parvient, au bout de quinze ans, et après la mort de la seconde femme d’Amédée, à le réconcilier avec celle qu’il n’aurait jamais dû quitter. Amédée vivait heureux avec Lise, et le chevalier comptait jouir de leur bonheur qui était son ouvrage, lorsqu’il fut tué d’un coup de pistolet par un de ses anciens complices.

VIE ET AVENTURES DE MARION DE LORME, 4 vol. in-12, 1822 (publié sous le nom de Faverolles). — Fille d’un pauvre greffier, et née dans un petit village de la Franche-Comté, le hasard