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GENLIS (Stéphanie F. Ducrest de Saint-Aubin, comtesse de),
née à Champcère, en 1746.


LES CHEVALIERS DU CYGNE, ou la Cour de Charlemagne, 3 vol. in-8, 1795. — L’héroïne de ce drame est morte dès le commencement du premier volume ; mais elle revient toutes les nuits effrayer celui qui l’a tuée par jalousie ; c’est-à-dire que son squelette ensanglanté vient se coucher toutes les nuits à côté de l’homicide mari. La scène se passe d’abord à la cour de Charlemagne. Deux chevaliers français, Olivier et Isambard, sont intimes amis ; ils portent sur leurs boucliers un cygne avec la légende, Candeur et Loyauté, ce qui leur a fait donner le nom de chevaliers du Cygne. Isambard est soupçonné d’avoir inspiré de tendres sentiments à la belle-fille de Charlemagne, et pour faire taire ces bruits injurieux, il part pour Constantinople. À son retour, il trouve Olivier plongé dans un sombre chagrin ; il veut en connaître la cause ; il l’épie, et enfin il est témoin de l’épouvantable apparition du squelette sanglant. Ce squelette est celui de Célanire, fille de Vitikind, qu’Olivier a épousée en secret, qu’il a trouvée une nuit tête à tête avec un jeune homme, et qu’il a tuée : ce jeune homme était son frère. Olivier quitte la cour de Charlemagne ; Isambard le suit, et c’est en cheminant à petites journées qu’Olivier raconte son histoire. Les deux chevaliers arrivent à la cour de Béatrix, duchesse de Clèves, dont ils deviennent tous les deux amoureux, mais ils ont pour rival le roi de Pannonie ; celui-ci envoie un cartel à Isambard ; Olivier reçoit le message, et sans en avertir son ami, il va se battre à sa place. Le roi de Pannonie est blessé à mort, et au moment où son généreux vainqueur approche pour le secourir, il le blesse mortellement d’un coup de poignard. Olivier est rapporté au château et veut, avant de mourir, voir marier Isambard avec Béatrix ; le mariage se fait dans sa chambre et il expire. « On aime assez, dans ce roman, dit Chénier, Olivier et son fidèle ami Isambard, la tendre et douce Béatrix, la duchesse de Clèves ; mais le caractère et les aventures cyniques d’Armflède repoussent tout lecteur qui a quelque respect pour les dames, pour la décence et pour le goût. »

LES MÈRES RIVALES, ou la Calomnie, 4 vol. in-8, 1800. — « Dans ce roman, dit encore Chénier, la marquise d’Erneville offre sans doute un beau caractère. Mais sans rappeler les tracasseries provinciales qui tiennent beaucoup d’espace et procurent peu d’amusement, que dire de Mlle  de Rosmond ? Elle n’est point vicieuse, au moins dans l’intention de l’auteur, et pourtant facile à l’excès pour un homme qu’elle n’a jamais vu, et qu’elle ne saurait épouser, puisqu’il est marié : elle envoie secrètement le fruit de sa faiblesse, à qui ? à