Page:Revue des Romans (1839).djvu/27

Cette page a été validée par deux contributeurs.
11
ARLINCOURT.

fort rare, regardée comme la première de ce poëme. Roland furieux, trad. par Panckoucke et Framery, avec le texte de 10 vol. in-18, 1787, traduction excellente et recherchée. – Le Roland furieux, de l’Arioste, est une imitation du Roland amoureux du Boïardo. Cet ouvrage célèbre n’est pas moins un roman qu’un poëme héroïque du plus grand poëte que l’Italie ait produit. L’Arioste y décrit les fureurs de Roland, l’un des généraux de Charlemagne : c’est l’Homère de l’Italie. La pureté et l’élégance du style, l’heureux choix des termes, les grâces de l’imagination, une gaieté inépuisable, des tirades sublimes ; voilà ce qui a fait fermer les yeux sur les imperfections de l’Arioste. Mais lorsqu’on le lit de sang-froid, on ne saurait se dissimuler que son poëme, à le prendre à la rigueur, n’a ni commencement, ni milieu, ni fin : on ne sait quel est le héros principal. Aucun épisode n’y semble naître du fond du sujet ; le comique, et souvent un comique bas et obscène, s’y trouve confondu avec le tragique et l’héroïque. Cet ouvrage d’ailleurs est plein de descriptions chimériques, d’exagérations outrées, qui interrompent continuellement le cours de la narration.

Mirabeau a donné une traduction du poëme de l’Arioste dans laquelle il a rendu le sens de l’auteur, mais rarement ses grâces. La traduction du comte de Tressan est trop ornée et trop fleurie ; il ne s’est pas toujours souvenu que l’Arioste est extrêmement simple et naturel. MM. Panckoucke et Framery ont donné, en 10 vol. in-18, la meilleure traduction que nous ayons de l’Arioste en français, et celle qui approche le plus des grâces de l’original.

Séparateur



ARLINCOURT (le vicomte d’),
poëte et romancier, né au château de Mérantris, près de Versailles, en 1789.


LE SOLITAIRE, in-8, 1821 ; 2e édition, 2 vol. in-12, 1825. — Le Solitaire de M. d’Arlincourt n’est ni un cénobite qui fuit le monde pour se consacrer à l’Éternel, ni un misanthrope qui boude la société ; c’est un prince, un héros dont les mains puissantes ont agité l’Europe dans le XVe siècle, et que des circonstances inouïes forcent à répandre sur sa propre vie les crêpes de la mort et les ombres de la solitude. Sur le mont sauvage où il s’est exilé, les habitants du lac de Morat et de la vallée d’Underlach le contemplent avec une sorte de terreur, comme un être surnaturel ; les pâtres en racontent d’étonnantes merveilles et des bienfaits nombreux. Dans le monastère d’Underlach vivait, près du comte d’Herstall, son oncle, la belle et jeune Élodie, dont le père, le comte de Saint-Maur, avait péri victime des jalouses fureurs de Charles le Téméraire, duc de Bourgogne. Des hauteurs mystérieuses où il réside, le So-