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attiré par l’image du bonheur qu’il rêve et par l’air du clavecin qu’il entend ; il devient en peu d’instants l’ami de Simiane et de Juliette ; le soir, après avoir raconté à ses hôtes une partie des événements de sa vie, il prend congé d’eux, en leur laissant l’idée qu’il était né pour être heureux, et qu’il mourrait ignoré et content au bord du lac, seul témoin destiné à recevoir l’entière confidence de ses pensées. L’été suivant, Rousseau reparaît ; mais cette fois il est sombre, amaigri, il souffre déjà de son génie, il déplore son inaction forcée, il est devenu ambitieux. À la fin de l’hiver de 1741, Simiane revoit de nouveau Rousseau ; cette fois le génie avait parlé net chez celui-ci, il est décidé à partir pour Paris. Simiane, pour le guérir de ce projet, lui raconte sa propre histoire ; lui aussi, il a tenté la route des lettres, il a porté un manuscrit à Montesquieu, que le grand homme a jugé favorablement ; il a fréquenté le café Procope et causé avec les beaux esprits ; mais à toutes les fumées de gloire il a su préférer la vie ignorée et paisible dont il jouit. Les amours de Juliette et de Simiane ont du charme et de la vérité. — La compagnie devant laquelle l’auteur a lu ce premier roman lui reproche d’avoir fait l’apothéose de l’égoïsme. Pour montrer, par un nouvel exemple, que le foyer domestique n’a pas moins son inspiration, sa flamme active, que son renoncement et son sacrifice, l’auteur lit la seconde nouvelle. — La scène se passe dans le Hartz, vers 1714. Le jeune Steven de Travendahl, fils d’un général de Charles XII, qui a péri à Pultawa, s’est retiré dans ce pays avec sa mère et sa sœur ; devenu chef des mineurs, il n’a plus qu’une pensée, servir sa mère, et consoler sa triste sœur Mina, qu’une langueur secrète dévore. On est au moment où Charles XII, délivré de prison, a quitté la Turquie ; le bruit de son retour le devance ; les gouvernements emploient tous les moyens pour se saisir du conquérant déchaîné. Charles XII arrive dans le Hartz ; Steven, Suédois de naissance et de cœur, fils d’un des braves de Pultawa, se trouve placé entre ses affections et ses devoirs. Charles, en hâte de partir, et dont le danger redouble à chaque minute, demande et commande à Steven de lui rendre son compagnon de voyage, qui se trouve retenu parce qu’il est le fiancé de Mina ; Steven résiste par piété domestique aux ordres du souverain.

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FOSCOLO (Ugo), poëte italien du XIXe siècle.


DERNIÈRES LETTRES DE JACOPO ORTIS, traduit de l’italien par Trachon, in-8, 1819. — La première édition, traduite par M. de Senones, a paru envol. in-12, 1814. Cette traduction a été reproduite la même année sous le titre du Proscrit, ou Lettres de