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ARIOSTE.

conçoit à peine comment une si jeune personne a pu si bien étudier le monde, l’observer avec tant de finesse, avec un tact si juste, saisir si parfaitement les ridicules et les travers de la société, et les peindre avec un aussi rare talent. On raconte que miss Burney publia Évelina sans se nommer et sans en prévenir son père, qui, connaissant tout le danger de la lecture des romans, n’en laissait presque point lire à sa fille. Un jour qu’il était chez un de ses amis, il entendit quelques personnes, dont il estimait le goût et la sagesse, louer le roman d’Évelina dans les termes les plus expressifs, et il l’emprunta pour procurer à sa fille le plaisir de le lire. Miss Burney, un peu embarrassée, fut bien alors forcée d’avouer à son père qu’elle était l’auteur du livre à la mode. — Samuel Johnson, juge difficile, aimait Évelina ; il faisait souvent allusion à ce roman quand il se trouvait dans le monde, et mortifiait singulièrement Boswell, en le classant parmi les Brougton, famille de niais impertinents, que miss Burney a peints au naturel. Dès qu’une singularité de caractère s’offre, elle la saisit avec vivacité, avec bonheur ; elle a disséqué pour ses menus plaisirs les absurdités sociales. Comme elle étudie la mode, l’étiquette, le décorum ! Quelle profonde investigation des convenances ! Comme elle sait tout ce qui s’est passé au bal, et les mille petites passions qui ont agité les lecteurs. — On a encore de cet auteur :

Camillia, ou la Peinture de la Jeunesse, trad. par MM. Desprez et Deschamps, 5 vol. in-12, 1798. — Cécilia, ou Mémoires d’une Héritière, trad. par H. Rieu, 5 vol. in-12, 1783. — La Femme errante, ou les Embarras d’une Femme, trad. par Breton et A. J. Lemierre d’Argy, 5 vol. in-12, 1814. — C’est par erreur qu’on a attribué à madame d’Arblay le roman intitulé Georgina.

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ARCONVILLE
(Mme  G. C. Thiroux d’), née le 17 octobre 1720, morte le 23 déc. 1805.


MÉMOIRES DE MADEMOISELLE DE VALCOURT, 2 part. in-12, 1767. — Le sujet de ce roman est une jeune personne qui, malgré elle, enlève à une sœur chérie un amant que toutes deux adorent. Elle en fait un sacrifice à sa vertu ; mais ce sacrifice coûte la vie à sa sœur et à son amant. — Ce roman, écrit avec simplicité, renferme des situations vraies, touchantes et beaucoup d’intérêt. — On a encore de Mme  d’Arconville :

Dona Gratia d’Ataïde, comtesse de Ménézès, histoire portugaise, in-12, 1770. Il y a une seconde édition sous le titre de l’Amour, ses plaisirs et ses peines. — L’Amour éprouvé par la Mort, ou Lettres modernes de deux amants de la Vieille Roche, in-12, 1763.

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ARIOSTE (l’),
poëte italien, né à Reggio de Modène, en 1474, mort le 6 juin 1553.


ORLANDO FURIOSO, un vol. in-4, Ferrare, 1516 ; édition