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une violente passion à une dame de Puyrial, qui mourut de désespoir lorsqu’elle apprit son état. Lelio alla ensevelir sa misère au couvent de la Chartreuse. — Ce roman ne s’adresse pas précisément aux pensionnats de demoiselles ou aux maisons d’éducation ; c’est pour le monde qu’ont été tracées ces pages pleines de verve et d’éclat, écrites d’une façon tour à tour vive et dramatique, grave et légère, spirituelle et forte.

MANON LA DRAGONNE. — La Belgique s’étant soulevée contre l’Autriche, une femme se met à la tête du mouvement insurrectionnel, sonne le tocsin, construit des barricades, combat avec courage, et les vainqueurs saluent de leurs acclamations Manon la dragonne ! Après la victoire, Manon reprend son vrai nom et son vrai titre de comtesse de Feugères. Caliste, fille de la comtesse, a été sauvée dans l’insurrection par un jeune et beau patriote nommé Tony. Caliste aime Tony et la comtesse protége cette passion. Mais Mme  de Feugères est sous la domination d’un certain Olivier, qui s’est fait affilier à la secte des illuminés pour vendre ses secrets ; condamné à mort par le tribunal occulte, il se sauve à Paris, emmenant avec lui Tony, la comtesse et sa fille. Tony conspire contre Robespierre et laisse surprendre par Olivier la liste des conjurés. Après avoir découvert cette trahison, Tony provoque Olivier et signe le cartel de son nom de famille, Tony Forster. Ce nom de Forster révèle à Olivier un terrible secret. Tony est son fils ! En vain veut-il alors le sauver ; Tony est arrêté, jugé et condamné. Olivier n’a d’autre ressource que de se faire mettre en prison avec lui et de partager son sort ; il lui demandera pardon au pied de l’échafaud. Un matin, le geôlier vient de faire l’appel des condamnés qui doivent marcher au supplice. On appelle Tony : Tony dort ; Olivier se présente à sa place, et expie ses fautes en mourant pour son fils. Le lendemain, la puissance de Robespierre s’écroule : la comtesse obtiens la liberté de Tony, et elle meurt en lui confiant le bonheur de sa fille. — Ce roman est un livre plein d’intérêt, et écrit avec une grande élégance.

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ÉPINAY (L. F. P. Tardieu d’Esclavelles, dame de Lalive d’),
née à Valenciennes, morte le 17 avril 1783.


MÉMOIRES ET CORRESPONDANCE DE Mme  D’ÉPINAY, 3 vol. in-8, 1818. — Mme  d’Épinay ne s’occupe guère, dans ses mémoires et sa correspondance, que d’elle et de ses tracasseries domestiques, des petites passions et des petites intrigues qui agitent sa société peu variée, peu étendue ; elle retient son lecteur dans ce petit cercle, qui se compose, outre les personnes de sa famille, de deux