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de dix ans, c’est-à-dire en 1417, nous fait parcourir cette époque de crimes, de malheurs et de honte qui s’arrête à la mort de Charles VI. On sait quels drames sanglants signalèrent ces deux périodes, toutes remplies des haines et des guerres de Bourgogne et d’Armagnac. Eh bien ! ils se reproduisent avec toute leur énergie dans Isabelle de Bavière. Les scènes dramatiques s’y succèdent rapidement, et, soit que l’auteur redise à sa manière une catastrophe racontée par les historiens, soit qu’il crée quelques circonstances, un intérêt palpitant vous attache à ses pages ; aussi l’on court du commencement à la fin du livre sans s’arrêter un moment.

SOUVENIRS D’ANTONY, in-8, 1835. — Antony ne joue pas le moindre rôle dans ce livre ; il lui donne son nom et rien de plus. Le premier des souvenirs nous reporte en Calabre, parmi des brigands auxquels un régiment français donne la chasse. Plus tard on assiste au bal masqué des Variétés, puis on roule en cabriolet pour aller faire visite à Mlle Mars, à M. Charles Nodier, à M. Taylor, pendant que le cocher nous débite une histoire qui se termine absolument comme Angèle. À cette histoire succède un épisode des guerres de la Vendée, où Marceau joue le principal rôle. Puis on se retrouve à Paris, au Théâtre-Français, assis entre Camille Desmoulins, Saint-Just et Robespierre. Les souvenirs se terminent par la biographie de Jacques Ier et de Jacques II, qui ne sont pas de la race des Stuarts, mais de celle des quadrumanes.

LA SALLE D’ARMES, 1838. — Pauline était une jeune demoiselle accomplie et riche, qui épousa, après 1830, le jeune comte de Beuzeval. Un sentiment étrange, comme produit par une fascination magique, un amour mêlé d’épouvante, avait entraîné, presque malgré elle, cette pure et douce jeune fille dans les bras du comte. Un tel époux était bien fait pour inspirer de l’effroi : sans parler des bruits étranges qui couraient sur lui, le comte avait des habitudes et des manières qui n’étaient guère propres à rassurer une jeune femme. Il ne se couchait jamais sans avoir à la portée de sa main une paire de pistolets chargés, et un cheval sellé nuit et jour semblait attendre qu’on eût besoin de lui pour la fuite. De plus, le comte avait deux amis, Henri et Max, chez lesquels on remarquait les mêmes habitudes. Sauf ces singularités, M. de Beuzeval était un homme charmant et le meilleur des époux. Peu de temps après son mariage, il annonce à sa femme qu’il est obligé de la quitter, bien à regret, pendant un ou deux mois ; mais un engagement pris étant garçon le force de recevoir deux de ses amis pendant l’époque des chasses, dans son château de Burcy, masure à demi ruinée, inhabitable pour une femme, qui