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AISSÉ

lever avec toute la simplicité d’une fille de campagne. Éléonore et son époux, ne recevant aucune nouvelle, élèvent Mary comme leur enfant ; elle répond à leur tendresse ; le curé du lieu soigne son éducation, et à seize ans Mary est un prodige de grâces et de vertus. William, fils d’un riche fermier, éprouve pour elle une passion qu’elle partage. Mais un jour, au moment où on y pensait le moins, un brillant équipage s’arrête à la porte de l’humble habitation de ses parents adoptifs ; ce sont ses parents véritables qui viennent la réclamer. Mary est enlevée assez brusquement des bras de ceux qui ont élevé son enfance, et peu après son père lui apprend qu’il a disposé de sa main en faveur de lord Saint-Alban. Mary refuse de contracter cette union, et montre tant de fermeté que le futur époux prend le parti de s’éloigner. Ses parents l’enferment dans une prison où on lui fait souffrit d’horribles traitements ; la malheureuse jeune fille parvient à s’évader et à rejoindre William ; les deux amants se marient et passent aux États-Unis d’Amérique, où ils fondent une petite exploitation rurale. Cette partie du roman, semée d’épisodes agréables et de détails intéressants sur l’établissement des colons dans un pays où ils portent les premiers éléments de la civilisation, est une des plus attachantes de l’ouvrage. Dans le dessein de consoler sa mère, devenue veuve et plongée dans l’indigence, Mary passe en Angleterre et détermine lady Seabright à venir partager son bonheur. — Tel est ce roman, dont quelquefois la narration est ralentie par des discours ou des colloques un peu longs, mais qui se lit toutefois avec plaisir.

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AÏSSÉ (Mlle  d’),
née en Circassie en 1695, morte en France en 1733.


*LETTRES DE MADEMOISELLE D’AÏSSÉ, avec une notice biographique par M. de Barante, et des notes explicatives par M. Auger, in-12, 1823. — Les Lettres de Mlle  d’Aïssé sont de vraies lettres écrites à une amie sous le sceau de la confidence, destinées à mourir en naissant, puis trouvées et publiées dans la suite par la petite-fille de cette amie. — M. de Ferriol, ambassadeur de France à Constantinople, acheta, en 1698, d’un marchand d’esclaves, une jolie petite fille d’environ quatre ans. Elle était Circassienne et fille de prince, lui assura-t-on. Il la ramena en France, la fit très-bien élever, abusa d’elle, à ce qu’il paraît, dès qu’elle fut en âge, et mourut en lui laissant une pension de 4 000 livres. Mlle  d’Aïssé vivait chez Mme  de Ferriol, belle-sœur de l’ambassadeur et propre sœur de Mme  de Tencin, car d’Argental et Pont de Vesle étaient fils de