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tuer le chef suprême, nommé Soleil, par ses propres sujets, dans une guerre contre les Illinois ; il livre René à ce peuple, fait arrêter les sachems Chactas et Adario, qui jouissent d’un grand crédit chez les Natchez, précipite la femme chef dans un marais rempli de serpents à sonnettes, assassine René, viole Celuta évanouie, et périt enfin lui-même sous les coups d’Outougamiz, frère de celle-ci. Près de René et de Celuta sont groupés le vieux Chactas, espèce de philosophe sauvage ; Outougamiz, bon et simple jeune homme dont l’amitié pour René va jusqu’au plus sublime dévouement ; Mila, jeune Indienne, à la fois espiègle et naïve, qui, d’abord amante et ensuite amie de René, devient la consolatrice de Celuta et l’épouse d’Outougamiz. — Parmi les morceaux brillants de cet ouvrage éminemment remarquable, on distingue principalement le naufrage de Chactas et son séjour chez les Esquimaux ; Outougamiz sauvant René et le ramenant aux Natchez à travers les déserts ; l’assemblée nocturne des nations américaines ; la revue et les manœuvres des troupes françaises, et beaucoup d’autres passages.

LES MARTYRS, ou le Triomphe de la religion chrétienne ; roman poétique, formant les tomes XVI et XVIII bis des Œuvres complètes de l’auteur, 1826 et années suivantes. La 1re édition parut en 1809, 2 vol. in-8. — Le style des Martyrs produit deux sensations bien différentes ; partout où l’auteur est simple, il offre des morceaux du plus grand mérite ; des pages, des livres entiers sont écrits avec une rare élégance ; les descriptions mêmes, qui par leur multitude fatiguent souvent le lecteur, sont, pour la plupart, extrêmement agréables, à ne les considérer qu’isolément ; mais partout où l’auteur se livre à la fougue de son imagination, son style devient affecté, bizarre, et quelquefois ridicule.

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CHÂTEAUNEUF (A. H. de la Pierre de), né à Avignon en 1766.


LES DIVORCES ANGLAIS, ou Procès en adultère jugés par le ban du roi et la cour ecclésiastique d’Angleterre, 3 vol. in-12, 1821-22. — Ce livre, plus scandaleux que curieux, offre le tableau des plus mauvaises mœurs, sans correctif, et sans que le lecteur puisse en tirer aucune conséquence au profit de la morale. Quoiqu’un procès célèbre nous ait fait connaître toute l’ingénuité de la justice anglaise, il était impossible de s’en faire une idée, avant la lecture des Divorces anglais, nous qui ne sommes point habitués en France aux infamies légales, qui ne pouvons concevoir comment des magistrats graves et honnêtes ont la patience et le courage de fouiller si profondément dans la fange pour y chercher la vérité. Aussi l’étonnement des Français qui ne sont point familiarisés avec les mœurs