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obstinée de celui-ci qui, reconnaissant toujours dans son libérateur le séducteur de sa fille, le repousse toujours avec indignation, après l’avoir accueilli avec enthousiasme ; enfin, le dernier prodige de valeur, qui triomphe des ressentiments du comte, dont Ollivier délivre inopinément les États ; tout cela, embelli d’un style léger, piquant, original, offre une composition dont les irrégularités ont un charme inexprimable. Au dénoûment, la vaillance d’Ollivier est récompensée par une bonne souveraineté, son amour, par la main de celle qu’il aime, et la tendresse des deux amants par le retour de leur enfant, qui leur est rendu comme par miracle. — La partie comique n’est pas la moins agréable de l’ouvrage. Il est impossible au philosophe le plus grave de ne pas se dérider aux aventures de Strigilline, cette fée emplumée qui attire dans un piége le spirituel Enguerraud, qui le met en cage, et lui joue mille tours plaisants.

L’HONNEUR PERDU ET RETROUVÉ, nouvelle héroïque, imprimée dans le tome II des Œuvres badines de l’auteur (4 vol. in-8, 1816). — Dans cette nouvelle, il s’agit d’une héroïne du nom de Primrose, qui se sauve du château de son père, petit prince suzerain, pour aller se réfugier dans les bras de Conan de Bretagne, son protecteur et son amant. Dans son voyage, elle fait naufrage sur les côtes de la principauté de Galles, où elle a beaucoup de peine à résister aux tentatives d’un autre amant ; elle parvient cependant à garder son cœur au brave Conan, qui se met en route pour la chercher, parvient à la retrouver, l’emmène dans ses États, et l’épouse solennellement.

On doit encore à Cazotte : La Patte du chat, conte zinzinois, in-12, 1741. — Mille et une Fadaises, contes à dormir debout, in-12, 1742. — Les Œuvres badines contiennent en outre quatorze contes qui n’ont pas été, que nous sachions, imprimés séparément. — Il a fait aussi une suite aux Mille et une Heures, par Gueulette.

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CERVANTES SAAVEDRA (Michel),
poëte et romancier espagnol du XVIe siècle.


HISTOIRE DE L’ADMIRABLE DON QUICHOTTE DE LA MANCHE ; trad. par Filleau Saint-Martin et Challes, 4 vol. in-12, 1677 ; idem, trad. par Floriau, 3 vol. in-8, 1799 ; idem, trad. par Bouchon-Dubournial, 8 vol. in-12, 1807 ; idem, trad. par M. Louis Viardot, 2 vol. in-8, 1836. — Peu d’hommes ont été doués d’un cœur plus noble, plus généreux, plus délicat et plus reconnaissant que Cervantes ; peu reçurent un esprit plus heureux, un caractère plus facile ; aucun cependant n’eut à se plaindre autant que lui des rigueurs de la fortune et de l’injustice du sort. Un des auteurs les plus célèbres dont l’Espagne ait à s’honorer, fut tellement négligé de ses compatriotes, que peu de temps après sa