Page:Revue des Romans (1839).djvu/118

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de Florence contre Ernest ; elle se croit trahie, supplie celui qu’elle aime de se justifier, et elle n’obtient pour toute réponse qu’un silence dédaigneux. Le mariage est rompu ; Castruccio s’avoue coupable, et offre sa vie en expiation. Ernest diffère sa vengeance, ou plutôt fait ses conditions ; si Florence, que le désespoir a mise en danger de mort, revient à la vie, il pardonne à Castruccio ; si elle meurt, il tuera Castruccio ou sera tué par lui. Florence meurt après avoir langui quelques semaines. Ernest provoque Castruccio ; mais le colonel chargé de régler le combat trouve Castruccio en proie au délire. Ernest, attendri par ce cruel spectacle, renonce à sa vengeance, et part pour le continent, dégoûté de la gloire, de la politique et de l’amour. La fille d’Alice, devenue lady Vargrave, épouse Lumley Ferrers.

ALICE, ou les Mystères, 2 vol. in-8, 1837. — Alice est la suite et le complément d’Ernest Maltravers. Dans le premier de ces romans, on voit Ernest débuter par une liaison toute d’aventure et de poésie avec Alice Darvil. Puis cette liaison, fatalement formée, se brisait plus fatalement encore. Ernest passait à d’autres amours, à l’ambition littéraire et politique ; Alice Darvil ne reparaissait que de loin en loin, et toujours séparée d’Ernest ; mais il était clair que ces deux destinées devaient se rapprocher. Ce rapprochement s’opère dans le second roman. Une vive passion s’allume dans le cœur d’Ernest, qui rêve, à trente-six ans, la félicité dans l’amour d’une belle et pure jeune fille de seize ans, destinée à l’hymen d’un de ses amis, du vil et brillant Lumley, à qui lord Vargrave lègue son titre et sa belle fille Évelyne. Évelyne a lu les ouvrages de Maltravers avant de le connaître ; l’admiration de l’auteur l’a prédisposée à l’amour de l’homme. Évelyne répond donc aux sentiments qu’elle inspire, et déjà il est question de mariage entre elle et l’ancien amant d’Alice Darvil. Mais Lumley, qui ne voit pas sans regret enlever sa riche proie, découvre qu’Évelyne est la fille d’Ernest et d’Alice. À la première lueur de cette affreuse découverte, Ernest recule épouvanté. Sa paternité n’a pour base qu’une erreur ; mais cette erreur s’environne de tant de vraisemblance, qu’il est excusable de s’en laisser fasciner. Enfin la vérité se révèle, les mystères s’éclaircissent. Alice Darvil, longtemps pauvre et malheureuse, irréprochable toujours, avait fini par épouser le vieux lord Vargrave, sans cesser d’être fidèle à Maltravers. Le fruit de leurs jeunes amours avait péri depuis longtemps ; Évelyne n’est que la fille adoptive d’Alice. Mais au moment où il a revu cette femme chérie, Maltravers ne peut vivre que pour elle. Un fou se charge de venger l’ordre social en tuant Lumley, et Évelyne épouse un mari de son âge.

Nous connaissons encore de Bulwer : Devereux, 4 vol. in-12, 1832. — L’Enfant