Page:Revue des Romans (1839).djvu/117

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’elle habitait a été pillée par Darvil et ses compagnons ; le brigand a enlevé sa fille, qui s’échappe, devient mère, mendie pour nourrir son enfant et est recueillie par une dame charitable. Plus tard, Alice tire parti de ses talents, épouse M. Templeton. Ernest, pour se consoler de la perte d’Alice, part pour l’Italie en compagnie de Lumley Ferrers. À Naples, il devient amoureux de Valérie de Ventadour, femme de l’ambassadeur de France, qui offre l’alliance heureuse de la coquetterie et de la loyauté ; fière de sa beauté, de son intelligence, de sa grâce, elle aime à régner, à gouverner les hommes qui l’entourent sans jamais rien promettre, sans jamais s’engager ; mariée à un homme qu’elle n’a jamais aimé, elle a pris de bonne heure son parti, et s’est résolue courageusement à ne pas tenter l’épreuve des passions. Elle est arrivée à trente ans et se croit désormais à l’abri du danger ; mais la passion d’Ernest lui fait comprendre qu’elle va succomber si elle ne parvient à l’éloigner. Elle se refuse à celui qu’elle aime, en lui avouant qu’elle est heureuse et fière de l’amour qu’elle inspire et qu’elle partage, et le force à partir pour devenir, d’après ses conseils, un grand poëte et un grand homme d’État. Deux ans après, Valérie retrouve celui qu’elle a banni et auquel elle n’aurait plus le courage de résister si elle ne voyait clairement qu’elle n’est plus aimée ; fidèle à sa dignité, elle cache son désespoir sous les dehors d’une impartiale amitié. Cependant Ernest, à son arrivée à Londres, a publié des poëmes admirables et est devenu célèbre en peu de mois ; il est entré au parlement où il a prononcé des discours admirables ; mais il encourt la haine du poëte Castruccio, dont il a édité un poëme qui ne s’est pas vendu. La gloire poétique et politique d’Ernest éveille l’admiration et la sympathie de Florence Lascelles, fille de lord Saxingham, qui, à la richesse et à la naissance, joint la beauté, la grâce, la majesté, le savoir et l’intelligence. Florence s’est éprise du talent d’Ernest, et, sans le connaître personnellement, elle engage avec lui une correspondance suivie sur divers ouvrages de littérature. Bientôt la tête embrase le cœur, et elle avoue franchement son amour à l’homme qu’elle préfère ; mais Ferrers, qui convoite la main de l’héritière, appelle à son aide la haine de Castruccio ; celui-ci écrit à Ernest pour lui demander ce qu’il pense du caractère de Florence et des garanties de bonheur qu’elle offrirait à un mari. Ernest, qui ne sait pas encore que Florence est la femme inconnue avec laquelle il est en correspondance, répond franchement que la fille de lord Saxingham lui paraît plus digne d’admiration que d’amour. Peu après, le mariage d’Ernest et de Florence est arrêté. Ferrers, au moyen de la lettre écrite par Ernest à Castruccio, et à laquelle il a changé quelques mots, réussit à exciter la colère