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Grand Seigneur. Pendant ce voyage, Vanina d’Ornano, sa femme, conçoit le projet de se rendre à Gênes avec ses enfants pour y solliciter la grâce de son mari, déclaré rebelle. San-Pietro, indigné de ce projet, arrive en France au moment où Vanina allait le mettre en exécution ; il accable de reproches sa malheureuse femme, et l’étrangle de ses propres mains. Rentré en Corse en 1564, à la tête d’hommes dévoués, San-Pietro attaque de nouveau les Génois ; après avoir échappé longtemps aux périls de la guerre, il est lâchement assassiné par un des siens. — On trouve dans ce roman des descriptions pittoresques et des peintures de mœurs originales ; les héros ont une physionomie particulière, un langage âpre et piquant qui rappelle la rudesse de leur pays et la finesse méridionale. Le style de Mme  de Bradi a de la force, de la dignité, du pathétique, de l’énergie et de la concision, mais quoique assez élégant, il manque cependant de douceur. Si le nom de l’auteur ne se trouvait à la suite du titre, on n’attribuerait certainement pas à une femme les improvisations de Palma, la conversation du chef corse avec le prêtre Agostino, et le récit de la catastrophe qui termine la vie et les souffrances de Vanina d’Ornano.

COLONNA, ou le beau Seigneur, histoire corse du Xe siècle, 2 vol. in-12, 1825. — Dans les dernières années du Xe siècle, Arrigo Colonna donne sa fille Bianca en mariage au comte Antonio de Cinarco ; Marcello, comte de Travaleti, vassal de Colonna et amant rebuté de Bianca, jaloux du bonheur de son rival, irrité contre son suzerain, l’attire dans son château, où il le fait poignarder avec ses six enfants. Le jour de la vengeance ne tarda pas à arriver. La veuve de Colonna, accompagnée de son gendre, vient punir le meurtrier dans son château ; à moitié brûlé, il sort des décombres et paraît devant la comtesse, qui lui laisse une vie déshonorée. — Cette histoire est suivie du petit conte d’une Visite à l’hospice, et de diverses poésies.

NOUVELLES, 3 vol. in-12, 1825. — Ces nouvelles, au nombre de six, sont remarquables par une finesse d’observation, une vérité de peinture, un naturel et une originalité dans les caractères, qu’il est rare de voir réunis à un style presque toujours facile et correct.

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BRANTÔME (P. de Bourdeilles, seigneur de).


LES DAMES GALANTES, nouvelle édition, 2 vol. in-8, 1834. — Livre sans frein, sans pudeur et sans vergogne dans les mots, les Dames galantes forment un des monuments les plus précieux de notre vieille littérature, par la vérité avec laquelle y sont peintes nos mœurs telles que l’Italie nous les avait accommodées, avec cette dissolution, seule conquête que nous eussions faite sous Charles VIII,