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sophiques du dix-neuvième siècle. Mais ces relations tournèrent court ; je tiens l’anecdote d’un ami qui a beaucoup connu Mme Ackermann dans sa retraite de Nice et qui l’avait reçue d’elle. Mme Allart de Méritens lui avait écrit pour lui exprimer sa sympathie et son admiration, combattre peut-être son pessimisme… Mme Ackermann, qui menait à Nice la vie la plus régulière et la plus calme qu’on pût imaginer, répondit en honnête bourgeoise qui réservait toutes ses témérités pour la spéculation philosophique et n’était révoltée qu’en vers. Mme Allart riposta par une lettre d’un mépris écrasant qui se terminait ainsi : « Faites des bonnets, Madame ! »


* Un trait essentiel à retenir, et tout à son honneur, c’est qu’elle ne connut pas la richesse. Le produit de ses ouvrages (elle donne souvent dans son livre les chiffres des sommes reçues des libraires) ferait sourire un romancier de nos jours. J’imagine bien, il est vrai, que « Jérôme » et Bulwer, pères de ses deux fils, avaient dû assurer l’existence de ces enfants. Mais dans quelle mesure ?… M. Manecy, bien renseigné, parle plusieurs fois de sa « pauvreté », et nous apprend que, dans la seconde partie de sa vie, sa principale ressource aurait été une pension de 800 francs obtenue, à titre d’écrivain, sous le second Empire.


* Aux quelques renseignements que j’avais donnés sur son fils aîné, Marcus Allart, il faut ajouter ce qu’en dit M. Manecy : « En 1871, il fut — métier peu couru — courtisan du malheur, écrivit des brochures en faveur de l’Empire, posa à Paris sa candidature de député, fit des conférences… » et échoua. Il mourut vers 1900.


* Et maintenant, prenons congé de cette « très séduisante[1] » Hortense Allart, qui m’a distrait un moment du stoïcisme de

  1. Maurice Masson, article sur le « Chateaubriand, Études littéraires » de M. Victor Giraud, dans la Revue d’histoire littéraire de la France de janvier-mars 1905.