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collège Henri IV. La lettre de Mlle Allart vaut d’être citée, au moins en partie.

« Les Anglais, Monsieur, frappent les enfants et même les jeunes gens. Mais ce n’est pas l’usage en France. Ainsi, en mettant mon fils chez vous, j’ai cru qu’on l’élèverait comme un Français. Vous ignorez sans doute la conduite de votre maître d’étude avec vos élèves. Je ne suis pas la seule mère qui ait à s’en plaindre. Comme mon fils s’indignait ce soir du traitement que le maître d’étude faisait subir à un petit enfant, il a été indignement frappé… Comme vous êtes un homme éclairé et plein de bonté, je vous prie de me dire ce que vous feriez à ma place ?… » Et en post-scriptum : « Pourquoi est-ce que je ne vois jamais l’anglais sur les bulletins de mon fils ? Je voudrais qu’on ne lui ôtât pas la prononciation italienne, qui est la vraie pour le latin. Je ne le renverrai plus chez vous d’ailleurs sans une réforme dans sa classe sur les coups de poing du maître. »


* Je viens de parler de George Sand. Les deux femmes ne semblent ne s’être liées qu’après 1840. L’illustre écrivain parle de Mme Allart en deux endroits.

Dans l’Histoire de ma vie[1], après avoir décrit son existence à Paris entre 1840 et 1847, énuméré ses amis, elle ajoute :

« Hélas ! La mort ou l’absence ont dénoué la plupart de ces relations, sans refroidir mes souvenirs et mes sympathies. Parmi celles que j’ai pu ne pas perdre de vue, j’aime à nommer… Mme Hortense Allart, écrivain d’un sentiment très élevé et d’une forme très poétique, « femme savante toute jolie et toute rose », disait Delatouche ; esprit courageux, indépendant ; femme brillante et sérieuse, vivant à l’ombre avec autant de recueillement et de sérénité qu’elle aurait porté de grâce et d’éclat dans le monde ; mère tendre et forte, entrailles de femme, fermeté d’homme. »

  1. Calmann-Lévy, t. IV, p. 460 de l’édition de 1879 (4 vol. in-12).