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II
INTRODUCTION.

Revue pour s’assurer que la plus large place a été faite à ces œuvres. La poésie, le drame, le roman, y sont représentés par les noms les plus illustres. Pour ne parler que des premières années, c’est-à-dire de la période où l’on a dû se tracer la règle de conduite qui a été fidèlement observée, George Sand, de Vigny, de Musset, Mérimée, contribuaient au succès de la Revue par une collaboration qui créait ou continuait dignement leur renommée. De tels écrivains, et tant d’autres qui sont l’honneur des lettres françaises, ont toujours su conserver dans l’œuvre collective l’indépendance de leur talent et leur marque personnelle. Le voisinage de la critique ne pouvait être pour eux une entrave ; il serait même permis de dire qu’ils y ont puisé la force et rencontré la lumière. La Revue a donc entrepris de réconcilier l’imagination et la critique à une époque où la littérature et les arts, atteints comme tout le reste par le contre-coup d’une révolution politique, étaient prêts à se laisser emporter trop loin. Cette alliance, si difficile alors, a préservé des écarts le grand mouvement de 1830, en même temps qu’elle a gardé pour la présente génération tout ce qu’il y avait de vigueur, de nouveauté, ou plutôt de rajeunissement dans ce réveil de l’esprit français.

Ce fut seulement en 1833 que la Revue, agrandissant son cadre, commença de prendre part aux discussions politiques. Son origine la rattachait au gouvernement de juillet. La plupart des écrivains qu’elle avait groupés autour d’elle appartenaient à l’école libérale. Elle soutint donc le régime constitutionnel, elle le soutint avec indépendance comme un régime qui peut et doit supporter la discussion. Il ne lui parut pas que la révolution de février 1848 fût un progrès vers la liberté. Sous l’empire, elle demeura fidèle à ses anciennes convictions ; mais, toute contraire qu’elle fût aux régimes qui avaient succédé à la monarchie représentative, elle évita l’opposition systématique. — Il y a, dans la politique étrangère et même dans la politique intérieure, des questions multiples qui sont indépendantes de la forme du gouvernement et qui ne relèvent que du patriotisme, c’est-à-dire d’un sentiment commun à tous les partis. Ces questions, la Revue s’est appliquée à les traiter en ne s’inspirant que de l’intérêt du pays. Elle a pu dès lors conserver en tout temps la collaboration des écrivains politiques appartenant aux opinions les plus diverses, ouvrir une tribune aux hommes d’état des régimes déchus, et recueillir les voix de l’exil. Dispensée de la polémique irritante à laquelle est condamnée la presse quotidienne, elle s’est efforcée de maintenir le débat politique dans les régions supérieures, où les adversaires n’ont pas à craindre de se rencontrer, parce que l’on y discute les principes et non les hommes, l’intérêt permanent de la France et non l’intérêt éphémère des partis.

Il était impossible cependant que la Revue, tout en concédant une grande latitude aux sentimens individuels, n’eût pas une opinion politique qui fût sienne. Cette opinion, fidèle aux principes libéraux, aussi