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loin. On aurait pu tenter de la calculer théoriquement dans chaque cas. Mais le calcul eût été fort incertain, car nous manquons de données précises sur les propriétés physiques de la matière aux diverses profondeurs au-dessous du sol.

Renonçant délibérément aux superbes conjectures de la théorie, les sismologistes ont préféré s’appuyer sur le socle moins grandiose, mais plus solide des réalités. Ils ont noté dans chaque cas particulier l’intervalle de temps qui sépare sur leurs sismogrammes l’arrivée des ondes préliminaires, de celle des ondes principales, pour un tremblement de terre donné. Et à l’aide des résultats numériques ainsi obtenus dans un grand nombre de cas, ils ont pu construire des tables détaillées, d’où, connaissant le nombre de secondes qui séparent l’enregistrement des deux sortes d’ondes en un observatoire donné, on déduit immédiatement et avec une assez grande précision la distance à laquelle ledit observatoire se trouve du centre sismique en question.

Ainsi, le 1er septembre dernier, les sismographes de l’Observatoire du Parc Saint-Maur ont enregistré l’arrivée des ondes préliminaires à 3 heures il minutes et 23 secondes, l’arrivée des ondes secondes à 3 heures 22 minutes et 1 seconde et l’arrivée des ondes troisièmes, qui sont non seulement les plus lentes, mais les plus longues, à 3 heures 42 minutes.

Ces heures sont exprimées en temps moyen de Greenwich, c’est-à-dire en heure d’hiver et non pas en temps légal du 1er septembre (heure d’été) comme il a été imprimé par erreur dans la presse. Les sismologistes ont en effet conservé l’habitude (bonne ou mauvaise, je ne sais, car pour éviter des ambiguïtés d’un côté, on crée de l’autre des confusions) d’exprimer toute l’année leurs résultats en temps moyen de Greenwich.

Quoi qu’il en soit, il résulte des chiffres précédents qu’il s’est écoulé 10 minutes et 38 secondes entre l’arrivée des ondes préliminaires et celle des ondes secondes à l’observatoire du Parc Saint- Maur. On en conclut immédiatement au moyen des tables utilisées, — et qui sont celle de Zoeppritz, — dans le cas particulier, que le centre sismique se trouvait à environ 9 560 kilomètres du Parc Saint-Maur, ce qui correspond précisément à la région de Tokyo-Yokohama.

Cette méthode ne permet en principe de connaître que la distance du centre cherché. En s’en tenant à ces données, la station sait seulement que ce centre est sur un cercle du rayon calculé, tracé autour de cette station. Mais les données obtenues dans une autre