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En soulevant ce petit coin du rideau des coulisses de la guerre, nous avons pu nous faire une idée de ce que fut, sur un terrain spécial, l’effort de la France.

Au premier plan, nous avons vu que, sous la direction d’un chef admirablement doué, l’un de nos services importants s’était, durant toute la guerre, montré d’une compétence scientifique non égalée, d’une organisation exemplaire, reconnues même par l’ennemi qui se targuait jadis, avec un orgueil impressionnant, d’avoir la primauté dans toutes les branches de l’art militaire. Son retour à la modestie est exprimé nettement par le général von Bertrab, rédigeant après la guerre un mémoire, à l’usage de son gouvernement, sur « la nécessité d’une nouvelle organisation des services topographiques. » Il dit : « La guerre nous a donné une leçon... Ce qui aggrava la situation, ce fut la désorganisation de la Landesaufnahme[1] au moment de la mobilisation. On chercha à y remédier en créant le Kriegsvermessungschef[2]. Malheureusement, ce fut en vain, parce qu’il manquait une autorité au courant de tous les travaux topographiques. Les Français restèrent fidèles aux bons principes pour leur plus grand bien et à notre désavantage, comme nous l’avons constaté plusieurs fois sur le front. »

Au second plan, les nombres d’instruments cédés aux armées étrangères, — nombres un peu trop vite oubliés, tout de même, par ceux qui les connaissent le mieux, — attestent que, pendant que des millions de Français offraient leur vie à la défense de la liberté du monde, le reste : invalides, vieillards, femmes, enfants, se mettaient à l’usine, s’improvisaient ouvriers, au sens propre du mot, et peinaient jour et nuit à forger les outils de combat et de victoire pour leurs compatriotes et pour tous les Alliés, dont la plupart, particulièrement les plus grands, n’avaient pas vu leurs ressources industrielles décimées, comme les nôtres, par l’invasion.


Arthur-Lévy.
  1. Service géographique.
  2. Chef du bureau topographique de guerre.