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de l’effet du vent. Moins considérable sur la direction du projectile, son action est très sérieuse sur sa portée. Dans ce cas, par un vent d’une vitesse de dix mètres par seconde, l’obus a toutes chances de tomber au moins à trois cents mètres en deçà du but visé par le canon de 155 tirant à dix mille mètres. Dans la même hypothèse, la déviation latérale ne serait que de moitié. En principe, les diverses poussées du vent, si violentes soient-elles, n’ont pas la brutalité qu’on pourrait croire. Pratiquement, on leur attribue une durée moyenne de trois heures. Des tables de calculs appropriées permettent de voir d’un coup d’œil la rectification de réglage convenable à la force du vent. Une fois la science entrée dans la synthèse du tir, elle ne laissa pas de s’occuper de la température qui agit elle-même, en augmentation ou en diminution, sur la précision de l’arme de jet, comme on disait jadis. Raréfaction ou condensation de l’air : résultats différents. De sorte que les éléments de tir se modifient à tout instant, au caprice du thermomètre et du baromètre. Toutes ces choses qui semblent très compliquées, le seraient en effet, si elles n’avaient été fort simplifiées par un instrument portatif construit par le Service géographique, et qui donne automatiquement les calculs de réglage par rapport à l’activité du vent et aux conditions atmosphériques.

En matière d’aviation, la météorologie avait pour mission essentielle de mesurer la puissance du vent à toutes les hauteurs dans les régions que l’avion se propose de parcourir. Quand l’aviateur Marchai entreprit et réussit l’audacieux projet d’atterrir en Galicie russe, en survolant Berlin, la météorologie lui avait donné, pour dix heures consécutives, les évolutions probables des vents sur lesquelles il devait régler sa marche. L’établissement de semblables codes de tactique aérienne exigeait le contrôle, d’apparence irréalisable, de ce qu’on ne découvre pas dans l’atmosphère, c’est-à-dire au delà d’un kilomètre par temps couvert. Impossible de créer artificiellement un nuage de fumée, comme on faisait en cas de besoin par un temps clair. Donc, rien à voir ; il ne restait qu’à entendre. Mais quoi ? Mais comment ? On eut alors l’idée de lancer dans les airs un nuage sonore, sous forme de ballonnet libre, muni de cent cinquante petites cartouches de mélinite qui exploseront mécaniquement à des intervalles connus. Et le problème est ainsi ramené à ce que nous avons déjà vu pour le repérage