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LES NOUVELLES MÉTHODES D’OBSERVATION


Nos postes ou sections de repérage par le son se complétaient par des « observatoires terrestres » qui dépêchaient également leurs renseignements aux laboratoires ou offices centraux géographiques des armées. Les observatoires avaient pour mission de surveiller le champ de bataille, et particulièrement de situer sur la carte les batteries ennemies révélées par leurs fumées et lueurs. De ces observatoires, on en comptait en moyenne, selon la configuration topographique, quatre ou cinq par dizaine de kilomètres de front.

Le plus haut dignitaire de l’armée ennemie, le maréchal Hindenburg, dans ses Mémoires, n’hésite pas à voir dans l’excellence des observatoires terrestres du front des Alliés, l’une des premières causes de la débâcle allemande, inaugurée positivement le 8 août 1918. Il dit, en parlant de cette journée que le général Ludendorff, de son côté, a qualifiée de « jour de deuil de l’armée allemande : » « Nos troupes avaient trop songé sur ce front à la continuation de l’offensive et pas assez à la défensive. Il faut reconnaître toutefois que creuser des tranchées et construire des défenses accessoires, au contact immédiat de l’ennemi, était un travail qui nous causait beaucoup de pertes, car les observateurs ennemis déclenchaient immédiatement le feu de leur artillerie sur tous les mouvements qu’ils remarquaient et même sur des hommes isolés. »

La marche à la victoire s’était arrêtée pour les deux adversaires, après les batailles de la Marne et de l’Yser. En ces rencontres formidables, le chef français et le chef allemand s’étaient inspirés de la doctrine napoléonienne dont l’un des préceptes dit que « dans une bataille, il faut toujours tirer sans calculer la dépense des boulets. » Trop religieusement peut-être, avait été écoutée la parole de celui qui a le mieux connu la profession des armes. On avait dépensé même les réserves des magasins de l’arrière. Des deux côtés, il fallait attendre maintenant les secours de l’intérieur, et surtout les secours en munitions pour une consommation qui continuerait à dépasser de beaucoup les prévisions initiales des états-majors. Cela promettait d’être long. On n’improvise pas la remise en marche de fabriques abandonnées brutalement le jour de la mobilisation. Encore moins peut-on d’un coup de