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personnel, mixte en quelque sorte, qu’il fallut parer à ce qui se peut appeler le branle-bas de mobilisation. Grâce au tableau de travail établi en temps de paix pour les jours critiques, on échappa aux retards presque inévitables dans des opérations multiples, compliquées et encore inabordées. En quarante-huit heures, deuxième et troisième jours de mobilisation, on prépare les stocks importants de cartes et les agencements des bureaux cartographiques à installer au grand quartier général, et à chacun des quartiers généraux d’armée. Le quatrième jour, des automobiles de réquisition arrivent rue de Grenelle ; en une demi-journée plus une nuit, elles sont aménagées en bureaux-magasins, puis chargées ; et le cinquième jour, à la première heure, elles sont prêtes à partir avec le deuxième échelon des quartiers généraux auxquels elles appartiennent.

Pendant ce temps, afin de subvenir au remplacement journalier des cartes perdues ou détériorées dans les marches et les batailles, les presses de la rue de Grenelle roulaient au fracas de leurs cinquante-quatre mille coups par jour, c’est-à-dire autant de cartes tirées en noir.

Dès le 10 août, il apparut clairement que les Allemands ne se bornaient pas à traverser le Luxembourg, mais qu’ils descendaient à marches forcées, par Aix-la-Chapelle et la Belgique. De cette manœuvre, il résultait que le champ des opérations allait peut-être s’élargir à l’Ouest. Celte supposition ne tarda pas à se changer en réalité. Le 13 août arrivait à Paris l’officier cartographe de la 5e armée, avec mission de rapporter d’urgence des cartes permettant d’étendre plus à l’Ouest le front de cette armée qui tenait notre aile gauche. Le directeur du Service géographique qui, depuis deux ou trois jours, pressentait la possibilité de cette demande, avait combiné les travaux dans ce sens et fut en mesure de satisfaire immédiatement à la requête du général de Lanrezac.

L’échec du plan 17 et la retraite de Charleroi entraînèrent la modification des dispositions prises à l’arrière, notamment celles qui concernaient le Service géographique. Son centre de distribution, comme son nom l’indique, devait être en un point correspondant à la ligne du centre des armées combattantes. Dans le cas de l’action principale dans l’Est, sa place était à Paris, ensuite à Tours, si l’on redoutait l’investissement de la capitale. Prévisions aujourd’hui déroutées par le mouve-