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son dessein, sa pensée unique ne fut autre, durant cinq années, que de fournir aux armées françaises et à celles des Alliés, avec une diligence ardente, insoumise à 1'obstacle, le matériel de combat dont il avait la charge.

Une fois directeur du Service géographique, en 1911, le temps de prendre contact avec les différentes branches de cette administration, il envisage immédiatement ce qui se passera le jour de la mobilisation. Car si l’on est au ministère de la Guerre, il semble assez naturel de se préoccuper de la guerre. Son premier soin est de faire établir un journal de mobilisation du Service géographique, élément fondamental, inexistant jusqu’alors. Ce journal donnait le tableau du travail quotidien pendant les quinze premiers jours de la mobilisation :

Rassemblement des lots de cartes pour les états-majors ;

Chargement des voitures à cartes de ces états-majors ;

Expédition immédiate aux corps ;

Réquisition éventuelle d’imprimeries de complément à Paris ;

Réquisition de papier chez certains éditeurs ;

Remplacement successif des militaires du service armé.

Si les événements en faisaient malheureusement sentir l’utilité, le douzième jour de ce programme serait consacré au transfèrement d’une imprimerie à Tours, où serait, au besoin, installé plus tard tout le Service géographique. Les détails relatifs aux aménagements de ces annexes, imprimeries et bureaux, furent étudiés secrètement en 1913. D’accord avec l’autorité militaire et la préfecture d’Indre-et-Loire, on disposa deux réquisitions, prêtes à jouer à tout instant : l’une, de deux imprimeries capables de tirer trente mille cartes environ par jour, et l’autre, d’un pensionnat de jeunes filles, dont les locaux étaient favorables à l’organisation des bureaux de Paris. En fait, les imprimeries et le pensionnat furent utilisés jusqu’à la fin de la guerre sans réquisition, leurs propriétaires ayant traité à l’amiable, avec une parfaite bonne volonté.

Les ateliers du Service géographique s’adonnèrent, en 1912, à la modification des limites de la carte existante qu’on avait décidé de prolonger jusqu’au méridien de Stuttgart. Ce n’était pas une petite affaire ; car au travail de réfection s’ajoutait la tâche d’introduire la carte rectifiée dans les lots de mobilisation, autrement dit dans plus de six cent mille paquets de vingt-cinq feuilles chacun en moyenne, soit au total quinze