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rapports d’amitié que le roi Alphonse XIII voulait bien entretenir avec le maréchal Lyautey et l’intérêt évident pour le protectorat français de voir s’établir une paix complète dans la zone voisine, qui sert actuellement de refuge aux bandes de rebelles et d’insoumis dont l’existence nécessite l’emploi d’effectifs importants... En revanche, j’ai accepté, à Buenos-Ayres, d’aller visiter le Collège des Jésuites espagnols ; j’étais accompagné du ministre de France, et nous y avons reçu le meilleur accueil des pères et des élèves rassemblés. Avec mon collègue aux fêtes de Lima, le comte de la Vignazza, et avec sa mission, les relations ont été empreintes d’une haute courtoisie et d’une sympathie véritable. Au cours de ma dernière croisière comme pendant toute ma carrière, chaque fois qu’il m’a été donné de rencontrer des officiers espagnols, j’ai été frappé de leur accueil chaleureux, — et ces impressions sont celles de tous ceux de mes camarades qui ont un peu couru le monde. Mais pour se connaître, il faut se fréquenter et multiplier par conséquent toutes les relations professionnelles, sociales, littéraires, artistiques, militaires, entre gens que la communauté de leurs occupations habituelles prédispose à s’entendre. Le reste viendra ensuite : tarifs douaniers, pénétration ferroviaire, politique marocaine se discuteront dans une atmosphère beaucoup plus calme, et personne ne pourra plus porter contre la France cet absurde soupçon d’aider au Maroc les ennemis de l’Espagne qui sont aussi les siens : l’identité des intérêts et la sympathie des deux peuples deviendront sensibles à tous.

Aucun de ces malentendus n’existe avec nos cousins d’Amérique, ni aucun des froissements qui résultent trop souvent du voisinage immédiat et des intérêts qui paraissent momentanément en contradiction ; aucun événement ne vient évoquer des comparaisons pénibles auxquelles notre volonté ne peut rien.

Le premier lien entre l’Amérique latine et la France, c’est la navigation. Nous avons constaté que les compagnies françaises, Sud-Amérique, Chargeurs réunis, Transports maritimes, se sont concertées pour assurer à nos communications avec le Brésil, l’Uruguay et l’Argentine une ligne de paquebots modèles, qui sont en ce moment les. meilleurs et les plus rapides. On se sent vraiment en France à bord de ces grands navires où les passagers trouvent confort, hygiène, distractions de