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C’est un pays qui contient tous les climats, avec toutes les races de l’Europe et de l’Afrique, mais qui marche dans le sens de l’unité grâce à l’école et à l’armée. Sa constitution fédérale et la sagesse du Gouvernement central permettent de tenir compte des grandes différences qui existent entre les populations de l’Equateur et celles de la zone tempérée. Le seul danger réel a été le groupement de l’immigration allemande, poursuivi pour un but politique dans le Brésil du sud comme en d’autres régions du globe. Mais c’était un danger tout extérieur qui eût permis des interventions de l’Empire allemand et peut-être une annexion locale ; la défaite de 1918 l’a écarté ; il ne resterait plus que le danger intérieur d’une autonomie à tendance séparatiste et les chiffres sont là pour le mesurer : sur trois millions et demi d’immigrants reçus entre 1820 et 1920, 130 000 seulement sont Allemands, et ce peuplement renferme des éléments de très bonne qualité ; il y a quelques précautions à prendre pour fondre les nationalités, et il faut veiller en particulier sur les écoles et l’enseignement portugais, mais aucun danger ne menace l’unité du Brésil.

J’ai constaté ses affinités latines et plus spécialement françaises. Il faut nous efforcer de comprendre les intérêts capitaux du Brésil, et en particulier constater qu’il produit les trois quarts du café de l’univers. Les tarifs douaniers affectent donc au plus haut degré la situation économique du Brésil. On sait que le monde entier est avide de café, au point que, si le prix de cette denrée s’abaisse, la consommation augmente très fortement, si bien que le produit de la douane ne diminue pas en même temps que son tarif. Mais les colonies françaises produisent aussi du café et réclament des droits protecteurs élevés pour maintenir les prix. Le conflit d’intérêt est constant, fatal, mais certaines mesures peuvent l’atténuer.

En tout cas, il faut s’efforcer de trouver des solutions amiables pour toutes les autres questions. Quitte à admettre quelques concessions sur ces points où il nous est permis de céder.

Par sa superficie et sa population, le Brésil tient le premier rang dans l’Amérique du Sud et l’ensemble des autres pays ne le dépasse que de très peu. Son peuple a beaucoup de sympathie pour la France, qui le lui rend. C’est là un ensemble de considérations qu’il ne faut jamais perdre de vue.