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gendarmerie et notre garde républicaine. Son quartier contient un curieux musée du crime, une collection de tous les appareils qui peuvent servir aux malfaiteurs publics, du casse-tête aux diverses pinces-monseigneur. La troupe est très belle.

Au camp d’aviation, le ministre m’a convié à passer avec lui en revue une division de toutes armes, qui a défilé superbement, avec son artillerie, sa cavalerie, ses chars de combat et ses avions. Il galopait crânement près de moi, et suivait l’allure de mon bon cheval uruguayen, qui avait pris terre pour la circonstance. J’aurais voulu aller survoler Rio et la baie, mais le temps couvert a enlevé tout intérêt à cette promenade.

Le lendemain, nous avons été excursionner à Tijuca, montagne boisée du plus haut pittoresque. Les routes sont tracées de façon à réunir les points de vue les plus divers, sites charmants et intimes comme celui de Paul-et-Virginie, panorama majestueux comme celui qu’on découvre du Pavillon Chinois. La baie de Rio et la mer libre présentent successivement le spectacle le plus varié et le plus admirable. Nous déjeunons dans une agréable villa et nous revenons par la côte, sur une route toute neuve qui rejoint et prolonge le boulevard maritime de la capitale. Le préfet de Rio me fait inaugurer un tunnel, un beau viaduc qui enjambe un ravin à pic. Je ne pense pas qu’il existe au monde un ensemble comparable à celui que présente une excursion à Tijuca.

Le ministre de la Marine nous emmène déjeuner à l’ile de Paqueta, qui est au fond de la baie. La pluie s’est mise de la partie, mais il y a assez d’éclaircies pour que nous soyons récompensés de l’avoir narguée. Le petit vapeur qui nous emporte est assez grand pour qu’un orchestre fasse danser de temps en temps quelques couples. La mer est calme et les côtes pittoresques.



19-20 septembre.

L’État de Saint-Paul est le plus riche et le plus intéressant du Brésil ; c’est celui qui manifeste pour la France la sympathie la plus vive ; sa capitale, dont la population dépasse le demi-million d’habitants, est la seconde ville de la République ; ses forces de police forment comme une petite armée, organisée par des officiers français : autant d’excellentes raisons