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garder au lycée un caractère national, et tous se félicitent des résultats obtenus. Toutefois, un personnel ainsi composé coûte relativement cher, et l’établissement n’équilibre son budget que grâce à de généreux donateurs, dont le principal, M. Supervielle, est d’origine française. Cette œuvre, si intéressante à tous égards, reste malheureusement de portée restreinte.

J’ai été reçu par l’Assemblée Nationale, — formée par la Chambre des députés et le Sénat, — réunie en session extraordinaire. Le docteur Espalter, président de l’Assemblée, me fait asseoir à sa droite ; il adresse un émouvant hommage à la France libératrice, soldat du Droit, protectrice des peuples opprimés, que toutes les nations sud-américaines vénèrent comme leur mère spirituelle ; c’est par un acte de foi et d’espérance dans les destinées de la France que la République uruguayenne a choisi le 14 juillet comme fête nationale ; elle a rompu les relations diplomatiques avec l’Allemagne dans un élan de son cœur, sans invoquer de texte ou de précédent, pas plus qu’un honnête homme n’invoque le code pénal ou le droit civil pour accomplir son devoir envers sa famille et sa patrie... L’éloquent orateur termine en m’annonçant que les deux Chambres ont autorisé le Président de la République à me conférer le grade de général ad honorera dans l’armée uruguayenne. J’ai accepté ce grade, non comme un honneur personnel, mais comme un hommage rendu à l’Etat-major de l’armée française, en me réjouissant de ce lien nouveau entre les deux armées et les deux pays.

Les réceptions se succèdent ; le Comité des fêtes les multiplie, le Club des Dames également ; la troupe française de M. Rozemberg donne une représentation de gala ; puis le ministre des Affaires étrangères et Mme Buero nous invitent à une charmante partie de campagne... J’arrête mon énumération trop sèche de ces fêtes, toutes cordiales, gaies, charmantes. Elles se terminent par un grand dîner et un bal où je reçois le Président de la République à bord du Jules Michelet.

Comme notre départ s’approche, le général da Costa, chef d’Etat-major général de l’armée, me remet une brochure imprimée à mon intention, où il a fait rassembler les documents historiques qui racontent la part prise par les Français à la défense de Montevideo de 1842 à 1851 contre les troupes du tyran argentin Rosas. Parmi les défenseurs de la « nouvelle