uniformes et l’équipement sont pratiques. Je reviens au galop pour me placer en face de la tribune présidentielle, et le défilé s’exécute ensuite à belle allure. Le vent est frais, le temps couvert, mais le plafond des nuages est assez élevé. Des avions sillonnent l’air, très hardis ; la foule immense, au comble de l’enthousiasme, ne cesse d’acclamer la France et les troupes ; l’Océan, dont les lames se brisent contre le mur de la Rambla, donne un cadre magnifique, tout à fait digne de ce beau spectacle militaire, qui s’est déroulé dans un ordre parfait.
On me demande de revenir à cheval par les faubourgs, dont la nombreuse population n’a pu assister à la revue, faute d’espace pour la contenir : « C’est tout au plus si cent mille personnes ont pu vous voir, me dit-on, mais il y en a deux ou trois fois autant qui voudraient vous saluer : car l’envoyé de la France doit aller au peuple si le peuple n’a pu venir à lui. » C’est dimanche et nous traversons de larges avenues bordées tantôt de coquettes villas, tantôt de maisons ouvrières : c’est surtout devant celles-là que je dois me montrer. Sur mon passage imprévu, la population s’amasse aussitôt, en criant : « Vive la France ! » La manifestation qui nous a accueillis à notre arrivée reste inégalable en intensité, mais celle-ci la dépasse encore par la développement de son ampleur.
Les jours suivants, j’ai visité les casernes, l’hôpital, les écoles militaires, l’école navale dont le directeur me fit remarquer qu’il appliquait dans tout l’enseignement les méthodes indiquées par le docteur Gustave le Bon dans sa Psychologie de l’éducation. Le Président de la République m’a convié à inaugurer avec lui une fabrique de munitions : le ministre de la Guerre et le chef d’Etat-major général m’entretiennent d’une mission militaire française, — trois capitaines des différentes armes, — qui est demandée à notre Gouvernement pour moderniser l’armée uruguayenne.
Les Etablissements français d’éducation offrent le même caractère que dans les autres Etats de l’Amérique du Sud. Nos religieux et nos religieuses y montrent le même zèle, et enseignent le patriotisme en même temps qu’ils font aimer la France. Mais je commence par visiter le lycée Carnot, dont la moitié des professeurs sont des universitaires français qui font leur classe dans notre langue ; l’autre moitié comprend des professeurs uruguayens qui professent en espagnol, ce qui permet de