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de la colonie française. Puis nous nous rendons au Parque Hôtel où nous attend la luxueuse hospitalité du Gouvernement uruguayen.

Le lendemain, le Président de la République, M. Baltasar Brum, reçoit en audience solennelle la mission française, et nous nous rendons en cortège au Palais du Gouvernement, escortés par un escadron des Blandengues et acclamés par la population de Montevideo, qui n’a pas épuisé son enthousiasme dans la journée d’hier. Pendant toute la guerre, le Gouvernement du Président Brum n’a cessé de témoigner à toute occasion ses sentiments d’amitié pour la France ; le 14 juillet a été déclaré fête nationale dès 1915, notre ravitaillement a trouvé constamment un concours empressé et un large crédit ; toutes nos œuvres de guerre ont été soutenues avec une générosité qui se reporte aujourd’hui sur les veuves et les orphelins des combattants. Ce pays n’a jamais cessé de vibrer à l’unisson du nôtre, et nulle part nos inquiétudes et nos joies n’ont été plus profondément ressenties.

Aussi je reprends aujourd’hui ma qualité d’ambassadeur extraordinaire, pour apporter au Président de la République orientale une lettre autographe du Président de la République française, et j’ai l’agréable devoir de leur conférer le dignité de grand croix de la Légion d’honneur, dont je dois lui remettre les insignes. Du fait des circonstances, cette cérémonie protocolaire consacre par un lien significatif l’amitié qui unit les deux Gouvernements et les deux peuples, et M. Alexandre Millerand a pris soin de l’indiquer dans sa lettre, comme le président Brum dans sa chaleureuse réponse aux paroles que je lui adresse.

Dans la République orientale de l’Uruguay, le pouvoir exécutif est partagé entre le Président de la République, qui nomme les trois ministres des Affaires étrangères, de la Guerre et Marine et de l’Intérieur, et le Conseil d’administration élu comme lui par le peuple et qui désigne les titulaires des quatre autres portefeuilles. Les pouvoirs du Président, qui sont à peu près absolus dans les autres républiques de l’Amérique du Sud dont la Constitution est calquée sur celle des Etats-Unis du Nord, sont ainsi limités et partagés en Uruguay par les attributions d’un Conseil qui, comme lui, tient directement ses pouvoirs du suffrage universel. Je dois donc rendre visite à ce