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Sauberzweig, en sa qualité de gouverneur de Bruxelles, est le chef de la juridiction militaire. Tous les juges des cours martiales dépendent de lui et regardent vers lui.

L’affaire Philippe Baucq s’offre en « exemple. » Pas de pitié ! Tel est le mot d’ordre que Sauberzweig lance aux juges et dont ils sauront se souvenir.

C’est pourquoi le délibéré et le vote au sujet du jugement eurent lieu le 9 octobre 1915, à huis clos, en petit comité, en présence des juges, de l’auditeur militaire et du greffier. L’auditeur compta les voix, puis le verdict, tenu secret jusqu’à l’exécution des peines capitales, fut prononcé. Voici les peines portées contre les principaux inculpés :

1. Philippe Baucq, architecte à Bruxelles ;

2. Louise Thuliez, professeur à Lille ;

3. Edith Cavell, directrice d’un Institut médical à Bruxelles ;

4. Louis Severin, pharmacien à Bruxelles ;

5. Comtesse Jeanne de Belleville, à Montigny ;

Sont condamnés à la peine de mort.

6. Hermann Capiau, ingénieur à Wasmes ;

7. L’épouse Ada Bodart, à Bruxelles ;

8. Albert Libiez, avocat à Wasmes ;

9. Georges Derveau, pharmacien à Pâturages ;

Sont condamnés à quinze ans de travaux forcés.

10. La princesse Marie de Croÿ, à Bellignies :

À dix ans de travaux forcés.
Etc.

Rappelons, à titre de flétrissure, la composition de la Cour vehmique qui perpétra cet abominable déni de justice. Les cinq juges étaient : le lieutenant-colonel Werthmann du bataillon de landsturm (territoriale) de Straubing, président du tribunal ; le capitaine baron von Cornberg, du bataillon de landsturm de Meiningen ; le capitaine Eck, du bataillon de landsturm de Straubing ; le lieutenant en premier Stenger, du bataillon de landsturm de Meiningen ; l’aspirant-lieutenant Paul, du bataillon landsturm de Meiningen. Le chef d’instruction, faisant fonctions de commissaire du gouvernement, est le Dr Stoeber, conseiller