de faire gagner la frontière aux hommes qu’on m’adressait ; une fois à la frontière, ils étaient libres.
— Combien de personnes avez-vous ainsi envoyées à la frontière ?
— Environ deux cents.
Ce fut tout.
Après miss Cavell c’est le tour de Mlle Thuliez, Française de Lille, qui avoue avoir participé à des distributions de Mot du soldat et qui reconnaît également avoir, du 10 mars 1915 à fin juillet de la même année, amené de la France envahie à Bruxelles et fait conduire à la frontière par des convoyeurs, 45 soldats anglais, 68 soldats français et 13 soldats belges, en tout 126 personnes.
— Ces personnes vous ont-elles donné des nouvelles de l’étranger ?
— Non, je n’ai pas reçu de nouvelles de l’étranger des personnes qui ont été, par mon intermédiaire, conduites à la frontière.
— Reconnaissez-vous la conversation avec Mme Bodart.
— Oui.
— Quel était le chef de l’organisation ?
— Il n’y avait pas de chef, il n’y avait pas d’organisation. Nous étions tous d accord pour mener à bien une entreprise collective. Sur les cent vingt-six personnes que j’ai dirigées vers la frontière, j’en avais trouvé vingt à Bruxelles. J’ignore combien sont arrivées en Hollande.
— Et les guides ?
— Je ne me suis jamais occupée des guides. Je confiais les jeunes gens qui se présentaient — il y en avait résidant à Bruxelles, il y en avait de Maroilles et d’Arbre-Fontaine — à miss Cavell et Baucq. Capiau en a convoqué quelques-uns, j’en ai remis quelques-uns aussi à la comtesse de Belleville.
— Qui vous a remis de l’argent pour ce transport ?
— Le prince de Croÿ m’a remis cinq cents francs pour mes frais de voyage et pour le voyage des transportés.
— La princesse de Croÿ a-t-elle fait des photographies, pour les fausses pièces d’identité ?
— Oui.
— Pour quel motif avez-vous agi ainsi ?
— Parce que je suis Française.