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gée la première, son énergie lui fait, dès les premiers mots de l’interrogaloire, surmonter tout malaise. Elle parle sans peur, d’une voix basse et éteinte, la force tranquille de son regard suppléant à la faiblesse de cette voix.

Elle déclare être âgée de quarante-neuf ans, protestante, de nationalité anglaise, et reconnaît avoir logé, de novembre 1911 à juillet 1915, des soldats français et anglais, dont un colonel, tous en habits civils, avoir aidé des Belges, des Français et des Anglais aptes au service militaire en leur fournissant les moyens de se rendre au front, notamment en les recevant chez elle et en leur donnant de l’argent.

Elle avoue qu’elle était en rapport avec M. Capiau, Mlle  Martin, Mlle  Louise Thuliez, MM. Derveau et Libiez.

— Qui était le chef de l’organisation ?

— Il n’y avait pas de chef.

— N’était-ce pas le prince de Croÿ ?

— Non, le prince de Croÿ s’est borné à m’amener quelques personnes et à me donner un peu d’argent.

— Pourquoi avez-vous commis les actes qui vous sont reprochés ?

— J’ai hébergé les Anglais parce qu’ils couraient un danger mortel. Je suppose que c’est le cas de tous les anciens soldats anglais qui se trouvent en Belgique.

— Une fois ces gens passés à l’étranger, vous ont-ils fait parvenir de leurs nouvelles ?

— Quatre ou cinq seulement l’ont fait

— Baucq et Fromage sont-ils la même personne ?

— Oui.

— Quel a été le rôle de Baucq ?

— Je l’ai fort peu connu. Je ne l’ai rencontré qu’une fois, et j’ignore quel a été son rôle.

— Maintenez-vous ce que vous avez dit à l’instruction au sujet des personnes avec qui vous avez travaillé en vue du recrutement, c’est-à-dire avec le prince de Croÿ, Baucq, Severin, Capiau, Libiez, Derveau, Mlle  Thuliez et Mme  Ada Bodart ?

— Oui.

— Savez-vous qu’en recrutant ainsi des hommes vous désavantagiez les Allemands et avantagiez l’ennemi ?

— Ma préoccupation n’a pas été d’avantager l’ennemi, mais